Société
Sexisme ordinaire : quand les machos deviennent des caricatures d'eux-mêmes
Publié le 4 octobre 2013 à 08:00
Par Marie-Laure Makouke
Des tracts politiques arborant des illustrations machistes et beauf, un professeur d'université qui refuse l'enseignement de tous les romans écrits par des femmes et un chroniqueur sportif contraint de s'excuser après un commentaire sexiste : ce nouveau palmarès hebdomadaire des comportements et des dérapages sexistes est encore fourni.
Sexisme ordinaire : quand les machos deviennent des caricatures d'eux-mêmes Sexisme ordinaire : quand les machos deviennent des caricatures d'eux-mêmes© DR
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PCF, Front de gauche : quand l’art est prétexte au sexisme

Étonnement, ces cartes diffusées à quelque 80 000 exemplaires pendant la Fête de l’humanité n’avaient ému personne les 13, 14 et 15 septembre derniers. Mais depuis mercredi, soit trois semaines après l’événement, les critiques sur l’illustration qu’elles présentent fleurissent sur Twitter, les internautes fustigeant un « machisme beauf ». Et pour cause. Un vieil homme, empoignant les fesses des deux femmes en minijupe et talons hauts qui l’entourent : le Front de gauche et le PCF n’ont visiblement pas trouvé (cherché ?) mieux que ce dessin de Wolinski pour illustrer les outils de communication inclus dans son kit du militant « pour la retraite à taux plein à 60 ans ».

Rappelons tout de même que, parmi les documents fournis par ces deux partis de la gauche de la gauche, une pétition prône « l’égalité salariale homme-femme » comme alternative à l’allongement de la durée de cotisation. Notons également que le PCF et le Front de gauche semblent particulièrement apprécier l’humour lubrique de l’artiste qui n’en est pas à son coup d’essai. On lui doit ainsi l’illustration des gobelets de l’édition 2011 de la Fête de l’humanité. Ils arboraient une femme, entièrement nue, à quatre pattes, une fleur coincée entre les fesses, surmontée de l’inscription « Je protège la nature… ». Quand on vous dit que le sexisme ordinaire a encore de beaux jours devant lui…

Pas assez bonnes pour être enseignées à l’université, les auteures féminines ?

Un professeur d’université peut-il exclure de ses enseignements toutes les œuvres rédigées par des femmes ? C’est en tout cas le parti pris de David Gilmour. Ce professeur de littérature de l’Université de Toronto et ancien animateur radio a en effet expliqué son curieux raisonnement lors d’une interview accordée au site Internet canadien Hazlitt. « Quand j’ai accepté ce travail, j’ai dit que j’enseignerais uniquement des gens que j’aime profondément. Malheureusement, aucun d’entre eux n'est ni chinois, ni femme », s'est-il justifié, insistant : « Ceux que j’enseigne, ce sont des mecs. Des mecs parfaitement hétéros. » Et pour ceux qui auraient encore un doute sur les auteurs en question, le pseudo-enseignant cite Francis Scott Fitzgerald, Tchekhov, Tolstoï, Henry Miller ou encore Philip Roth qu’il considère comme « des vrais mecs, quoi ». Pas à une contradiction près, l’homme, par ailleurs auteur et en lice pour le Giller Prize, le principal prix littéraire canadien, a toutefois précisé que « Virginia Woolf est la seule qui [l]’intéresse en tant qu’auteur féminin, aussi, [il] enseigne une de ses nouvelles ».

Des propos à la fois sexistes, racistes et absurdes qui, outre-Atlantique, ont fait bondir sur les réseaux sociaux à la fois les internautes lambda et les acteurs du monde littéraire. Devant la levée de boucliers, le professeur indélicat s’est défendu par le biais d’une tribune publiée dans le National Post. Réfutant toute accusation de racisme ou de misogynie, il a signalé être « le seul mec à enseigner Truman Capote en Amérique du Nord, et Truman Capote n’était pas exactement ce qu’on peut appeler un "vrai hétérosexuel" ». Pour espérer être le prochain lauréat du Giller Prize, il va falloir trouver meilleur argument. 

Les observateurs sportifs, le football et les femmes

Le football et les femmes, une histoire impossible ? Pour les joueuses de l’équipe de France féminine de football, arrivées en quart de finale du dernier championnat d’Europe, la réponse est assurément non. Mais, pour une mystérieuse raison, certains hommes semblent réfractaires à l'idée que des femelles osent shooter dans un ballon rond. Souvenez-vous, en mars dernier déjà, Bernard Lacombe, conseiller spécial du président de l'Olympique lyonnais avait lancé à une auditrice de RMC qu’il ne « discutait pas avec les femmes de football », l’invitant à « s’occuper » de ses « casseroles ».

En Angleterre, ce week-end, c’est un ancien attaquant de l’équipe de Liverpool qui s’est attiré les foudres de la gent féminine. Samedi, à l’issue du match Tottenham-Chelsea (1-1), Robbie Fowler, qui officie désormais sur la BBC en tant que chroniqueur sportif, a commenté le jeu de deux joueurs adverses, Fernando Torres et Jan Vertonghen, jugeant qu’ils avaient passé la rencontre à se « chamailler comme deux filles ». Mais contrairement à notre cher ami Bernard Lacombe, Robbie Fowler, lui, a rapidement été rappelé à l’ordre par la chaîne et contraint de s’excuser publiquement. « Je suis, en réalité, un grand, grand fan de l’équipe féminine de Liverpool qui a, selon moi, de grandes chances de gagner le championnat », a-t-il confié à l’antenne. Et de poursuivre : « Si j’ai offensé qui que ce soit, j’en suis désolé. Je souhaite désormais clore cette polémique ». Faute excusée à demi pardonnée ?

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