Le 3 février, la chaîne L'Équipe a diffusé un documentaire intitulé "Rugby, la maison brûle". L'enquête réalisée par Sébastien Tarrago et Jules Bian-Rosa fait état des violences conjugales, du racisme sur et en dehors des terrains, de la consommation de drogue, des hôtels saccagés par les équipes… bref des comportements border et violents des rugbymen. Mais le problème pointé du doigt par le documentaire, c'est surtout comment l'institution du rugby couvre ses joueurs.
Un extrait vidéo du documentaire a été publiée sur les réseaux sociaux la veille de sa diffusion. Le journaliste Sébastien Tarrago est filmé au téléphone avec Pierre Caillet, l'entraîneur de Béziers, au sujet de l'affaire Taleta Tupuola. Le 13 novembre 2024, ce rugbyman de l'équipe de Béziers a été condamné à 14 mois avec sursis probatoire pendant deux ans et obligation de soins pour violences conjugales.
Lors de l'audience, Taleta Tupuola avait reconnu les faits. À savoir que les faits reprochés au trois-quarts centre néozélandais remontaient au 5 octobre dernier. Le couple revenait d'une soirée lorsqu'une dispute a éclaté. Tupuola très fortement alcoolisé, avait alors porté plusieurs coups de pied au visage de son épouse, sous le regard de leur enfant de trois ans. Quatre jours après, accompagnée de l'entraîneur de l'équipe, elle avait porté plainte contre son mari.
Le lendemain de sa condamnation, le rugbyman était de retour à l'entraînement, trois semaines plus tard il retrouvait son poste de titulaire.
Au téléphone, le journaliste questionne ce choix. "Vous ne vous dites pas que le rugby a tendance à protéger, à vouloir étouffer les affaires ?", demande-t-il à l'entraîneur. "Je ne comprends pas, commence par répondre Pierre Caillet. Mais vous ne comprenez pas qu'on protège, on protège un homme quoi aussi."
Lorsque le journaliste lui fait remarquer que l'homme en question a mis deux coups de pied dans la tête de son épouse, ce dernier poursuit sa défense en commençant par dire "ça j'en sais rien, c'est vous qui le dites". Ce à quoi le journaliste répond en faisant référence à la décision de justice. "Alors c'est quoi ? On juge tout le monde ? Aujourd'hui je protège tout simplement un homme, un homme qui a reconnu avoir fait une erreur et il a déjà double peine. Il perd sa femme, il perd son enfant. Donc qu'est-ce qu'on fait, on lui crache dessus encore ?"
Sur Tiktok, la créatrice de contenu Niemesia, habituée des contenus féministes, a réagi à la vidéo. Elle relève la manière dont ce témoignage illustre comment "les institutions, en particuliers sportives, couvrent les agresseurs". Elle cite également d'autres joueurs impliqués dans des affaires similaires, telles que Greenwood Hernandez ou Wissam Ben Yadder, condamné à deux ans de prison avec sursis pour agression sexuelle. Or depuis le début du mois de janvier, il se chuchotte qu'il pourrait retrouver les pelouses des stades en Ligue 1.
Côté rugby, on pense également à Hans Nkinsi, également rugbyman à Béziers, condamné à un an de prison ferme pour violences conjugales. On oublie pas non plus la mise en examen pour viols aggravés de deux joueurs de l’équipe de France, Hugo Auradou et Oscar Jégou. Un joli palmarès !