Société
"À l'époque on ne parlait pas de féminicide" : comment la série Netflix sur la mort de Marie Trintignant montre que les mentalités ont (un peu) changé
Publié le 28 mars 2025 à 18:00
Par Camille Lamblaut
La nouvelle série documentaire de Netflix "De rockstar à tueur : Le cas Cantat", est sortie le 27 mars. Vingt après que le chanteur du groupe Noir Désir a tué sa compagne Marie Trintignant, il montre le traitement amplement misogyne de cette affaire alors que le mot féminicide n'existait pas encore.
"À l'époque on ne parlait pas de féminicide" : comment la série Netflix sur la mort de Marie Trintignant montre que les mentalités ont (un peu) changé
Le 27 mars, Netflix a diffusé la série documentaire "De rockstar à tueur : Le cas Cantat" qui retrace l'affaire dite Trintignant. Le 1er août 2003, l'actrice Marie Trintignant mourrait des suites des coups portés par son conjoint Bertrand Cantat, célèbre chanteur du groupe Noir Désir. À l'époque, le mot féminicide n'existe pas et le traitement autour de cette affaire en emprunt de misogynie. Le documentaire Netflix permet d'observer le chemin parcouru en vingt ans mais aussi les obstacles qui demeurent. "C'est une affaire qui divise toujours. On parle encore aujourd'hui d'un accident", a déclaré Anne-Sophie Jahn, co-réalisatrice du film.
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Le 1er août 2003, l'actrice Marie Trintignant mourrait des suites des coups portés par son conjoint Bertrand Cantat, célèbre chanteur du groupe Noir Désir. À l'époque, ce dernier prétend qu'elle s'est cognée la tête contre un radiateur de leur chambre d'hôtel, en Lituanie, après qu'il l'a poussé pendant une dispute. Il était minuit. En réalité, comme le montrera l'autopsie, il l'a rouée de coups et n'a appelé les secours que 7 heures plus tard. 

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Un féminicide sans le nom

Le 27 mars, Netflix a diffusé la série documentaire "De rockstar à tueur : Le cas Cantat" qui retrace l'affaire. Vingt après, quel regard porte-t-on collectivement sur la mort de Marie ? Et est-on toujours d'accord avec le traitement médiatique accordé à cette affaire ? Car pour rappel, à l'époque, le mot féminicide n'existe pas. 

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Les premières réactions

Sur les réseaux sociaux, les réactions se font déjà sentir. Comme dans cette vidéo publiée par le compte Tiktok sindyavecuns, où la tiktokeuse réagit aux images d'archives présentées dans le documentaire. Des archives qui montrent les auditions de Bertrand Cantat qui se dédouane et reporte même la faute sur sa victime, argumentant que c'est elle qui avait porté le premier coup, qu'elle avait bu, fumé des joints et qu'il "ne la reconnaissait pas"

"La société état bien plus misogyne qu'aujourd'hui, déclare Sindy sur Tiktok avant de rappeler que "trouver des excuses à quelqu'un qui a tué une femme c'est de la misogynie intégrée. C'est comme le racisme banalisé. C'est dans la tête des gens de penser que les femmes cherchent la bagarre, le buzz ou l'argent."  

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@sindyavecuns

Vous m’entendez hurler ?

♬ son original - Sindy ✨
Les mentalités 20 ans après 

S'il semble clair aujourd'hui que la mort de Marie Trintignant n'est pas un accident mais qu'elle a bien été victime d'un féminicide dans le cadre d'une violence conjugale, peut-on conclure que les mentalités ont définitivement changé ? Non. C'est ce qu'affirme Anne-Sophie Jahn, la journaliste qui enquêté sur l'affaire et co-réalisé le documentaire Netflix.

En 2023, Anne-Sophie Jahn publiait "Désir noir : récit" chez Flammarion, une enquête sur l'affaire Trintignant qui relevait déjà le discours misogyne ambiant, tant dans les déclarations de Bertrand Cantat que des proches du couple mais aussi dans celui des médias. Le 25 mars, sur le plateau de C à Vous, elle expliquait que le documentaire permettait d'observer le chemin parcouru en vingt ans mais aussi les obstacles qui demeurent.

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" On parle encore aujourd'hui d'un accident"

"À l'époque, on ne parlait pas de féminicide mais cette affaire est brûlante d'actualité, dit-elle. (...) On a partagé la bande-annonce du documentaire récemment et c'est édifiant de voir les commentaires sur les réseaux sociaux. C'est une affaire qui divise toujours. On parle encore aujourd'hui d'un accident. (...) Mais quelle accident quand on frappe une femme tellement fort qu'on lui donne plusieurs coups mortels au visage et qu'on la laisse agoniser ? C'est pas une accident ça."

Une carrière pas franchement ruinée 

Pour rappel, le jours de sa condamnation, le 9 mars 2004, Bertrand Cantat écope de la peine minime de 8 ans de prison pour «meurtre commis en cas d’intention indirecte indéterminée ». Libéré en octobre 2007, il n'en purgera que la moitié. À sa sortie, il retrouve sa célébrité là où il l'avait laissée, remonte sur scène en 2010, sort un album en 2011, puis un autre en 2017, en 2020 et 2024. Invraisemblable et pourtant vrai. 

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Société féminicide Violences conjugales News essentielles
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