Le scandale des inégalités hommes-femmes n'en finit pas de faire des vagues au sein de l'industrie hollywoodienne, comme le soulignait encore tout récemment l'actrice Jennifer Lawrence dans une tribune soutenue notamment par Meryl Streep, Emma Watson et Jessica Chastain.
En février 2015, la comédienne Patricia Arquette, sacrée Meilleure actrice dans un second rôle pour Boyhood, avait profité de la tribune que lui offrait les Oscars pour rendre un vibrant hommage aux femmes américaines et appeler à l'égalité des droits pour tous les citoyens des États-Unis. La salle toute entière avait alors salué ce plaidoyer par une standing ovation.
Pour tout dire, même le gouvernement fédéral s'est ému de ces disparités problématiques, au point d'ouvrir une enquête officielle début octobre, au sein de la Commission pour l'égalité dans l'emploi (Equal Employment Opportunity Commission). Au terme d'une cinquantaine d'entretiens effectués avec des personnalités féminines travaillant devant et derrière la caméra, la Commission doit rendre un rapport qui pourrait imposer aux dirigeants des studios hollywoodiens une nouvelle politique, ouvrant aussi la voie à la possibilité de recours collectifs en justice, les fameuses Class Action américaines, qui coûtent en général une véritable fortune à la partie incriminée...
Les choses pourraient donc changer drastiquement. Histoire de donner un peu plus d'eau au moulin de la polémique, une nouvelle étude publiée par le Center for the Study of Women in Television and Film, basé au sein de l'université de San Diego en Californie, enfonce encore plus le clou, avec des chiffres édifiants.
En 2014, 13% des 700 plus grosses productions hollywoodiennes en termes de recettes ont été réalisées par des femmes, pour 13% de scénaristes et 27% de productrices. Les femmes n'ont réalisé que 7% des 250 plus gros films hollywoodiens cette année-là, tandis que 80% d'entre eux étaient scénarisés par des hommes. 33% d'entre eux ne comportaient même pas une femme productrice (exécutive ou déléguée), 78% d'entre eux n'étaient pas montés par une femme, et 92% de ces films ne possédaient pas de chef opérateur féminin.
La responsable de cette étude, le Dr Martha Lauzen, a ainsi étudié la place des femmes devant et derrière la caméra durant ces vingt dernières années. Elle estime que les femmes ont plus de chances de se faire engager sur des productions indépendantes que sur les blockbusters :
"Il y a encore certains préjugés au sein de l'industrie. Je pense que les femmes ne sont pas embauchées aux commandes de films à gros budget parce que quelque part, cela reste un risque pour l'industrie", explique la chercheuse, citée par Variety. "Le problème, c'est que Hollywood ne fonctionne pas tout à fait comme ça. Il y a de plus en plus d'hommes réalisateurs avec peu d'expérience qui se retrouvent placés à la tête de productions à 100 millions de dollars".
Cette étude n'a été menée que sur l'année 2014, et par conséquent ne prend pas en compte les succès tels que celui de la réalisatrice Sam-Taylor Johnson avec 50 Shades of Grey et ses 570 millions de dollars de recettes, ou celui d'Elizabeth Banks qui explose les records avec son Pitch Perfect 2 sorti en mai 2015, avec ses 285 millions de dollars de recettes.
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