Norman Thavaud, alias "Norman fait des vidéos" sur YouTube, avait été placé en garde à vue le 5 décembre pour viol et corruption de mineurs. Sa garde à vue a été levée ce 6 décembre mais l'enquête préliminaire ouverte par le parquet de Paris se poursuit. Six potentielles victimes ont également été interrogées par la justice.
Dans une vidéo publiée le 6 décembre sur YouTube par le vidéaste Le Roi des rats, un vidéaste, six victimes présumées ont témoigné contre Norman Thavaud, certaines dévoilant des captures d'écran des échanges qu'elles auraient eus avec ce dernier. Le Roi des rats précise qu'ils a réussi a recueillir six témoignages face caméra, mais que d'autres jeunes femmes se sont dites victimes de Norman Thavaud, sans pour autant accepter de raconter leur récit en vidéo.
"Le but de cette vidéo est un but préventif. Cette vidéo n'est faite un aucun cas fait pour créer du harcèlement envers Norman Thavaud, ses proches et sa famille", explique Le Roi des Rats en préambule. "On peut voir qu'un schéma très classique se dessine, pour des personnes qui ne se connaissaient absolument pas. Les filles sont anonymes. Ce sont seulement les témoignages que j'ai pu recueillir moi-même."
Maggie Desmarais avait déjà témoigné à visage découvert pour Urbania en 2021. Elle a porté plainte contre le Youtubeur au Canada et figure également dans la vidéo du Roi des rats. Norman Thavaud lui aurait demandé des photos et des vidéos à caractère sexuel alors qu'elle était âgée de 16 ans.
D'autres jeunes femmes expliquent avoir également reçu des demandes similaires, certaines indiquant qu'elles étaient elles aussi mineures au moment des faits.
"Il me disait qu'il aimait bien que je fasse plus jeune que mon âge", déclare l'une d'entre elles. La jeune femme précise qu'elle aurait rencontré le vidéaste en boîte de nuit, à 18 ans. Elle aurait alors entamé une relation avec Norman Thavaud, qu'elle a trouvé empressé. Ils auraient eu un rapport sexuel, qu'elle qualifie de "violent". Lorsque leur relation se serait terminée, elle aurait découvert qu'elle se nommerait "[son prénom] - 18 ans open" dans le téléphone du Youtubeur.
"Il me disait que tous les couples faisaient ça [avaient des rapports sexuels], que j'étais un bébé [de refuser]", rapporte-t-elle. Ce mécanisme de culpabilisation et d'infantilisation, les autres jeunes femmes disent l'avoir connu elles aussi.
Rencontrées via des "meet-ups", ces conventions organisées pour les vidéastes et leur communauté dans lesquelles Norman Thavaud les aurait directement abordées, ou contactées sur les réseaux sociaux, ces jeunes victimes présumées rapportent des pressions, de la manipulation psychologique et du chantage affectif.
"C'était crescendo", raconte l'une des jeunes femmes. "Il m'envoyait des photos de son visage et petit à petit, il commençait à descendre. J'avais beau lui dire que je n'étais pas à l'aise avec mon corps, il continuait quand même à me demander. Quand je lui disais non, la plupart du temps, il argumentait davantage : 'c'est parce que t'es un bébé' ou 'ça veut dire que tu ne m'aimes pas spécialement'", a-t-elle détaillé. "Quand je ne lui envoyais pas ce qu'il demandait, il menaçait de me bloquer, de me supprimer", s'est souvenue une autre jeune femme.
Certains échanges avaient lieu sur Snapchat, Norman Thavaud ayant adopté le pseudo de "Nono Super secret". "Au début, on se sent spéciale, il me faisait des compliments, me rassurait, me disait 'j'aimerais être avec toi là maintenant'", a expliqué une des victimes présumées.
Mais lorsque certaines faisaient finalement le déplacement pour le rencontrer, son discours changeait radicalement, témoignent-elles. Il aurait demandé aux jeunes femmes de se rendre directement chez lui ou à l'hôtel et invoqué sa célebrité comme excuse pour exclure des rendez-vous à l'extérieur. L'une d'entre elles, âgée de 16 ans au moment de leur rencontre, a raconté avoir accepté de perdre sa virginité avec lui, acte durant lequel le vidéaste aurait retiré son préservatif sans son consentement.
Toutes les victimes qui disent avoir rencontré Norman Thavaud ont décrit des rapports violents et/ou non consentis. La plupart d'entre elles indiquent ne plus jamais avoir eu de nouvelles du vidéaste après ces rapports.