L' « affaire Woody Allen » ne fait pas que diviser les opinions à Hollywood. Elle met aussi en lumière un drame familial et les différends irréconciliables qui opposent aujourd'hui Mia Farrow, Woody Allen et leurs enfants.
Dans une lettre ouverte publiée samedi 1er février sur un blog du New York Times, Dylan Farrow a accusé son père adoptif Woody Allen d'avoir sexuellement abusé d'elle quand elle avait sept ans. « Lorsque j'avais sept ans, Woody Allen m'a pris par la main et m'a conduit dans un grenier sombre aux allures de placer au deuxième étage de notre maison. Il m'a dit de m'allonger sur le ventre et de jouer avec le train électrique de mon frère. Puis il m'a agressée sexuellement. Il continuait de me parler en le faisant, chuchotant que j'étais une gentille fille, que c'était notre secret, que nous irions à Paris, qu'il ferait de moi une star de cinéma », écrit Dylan Farrow au début de sa lettre.
Si la jeune femme de 28 ans, aujourd'hui mariée et installée en Floride sous un nom d'emprunt, a reçu le soutien inconditionnel de son frère Ronan et de sa mère Mia Farrow, Woody Allen a lui aussi reçu l'appui de membres de sa famille. Moses Farrow, l'un des autres enfants adoptifs du couple, a publiquement pris le parti du réalisateur de Blue Jasmine et accusé Mia Farrow d'avoir manipulé les souvenirs de Dylan. Il accuse également sa mère de l'avoir frappé à plusieurs reprises lorsqu'elle était en colère.
Pour Moses Farrow, 36 ans, il ne fait aucun doute que Woody Allen est innocent. Dans un long entretien accordé au magazine People, fils du réalisateur, aujourd'hui psychothérapeute, dément les accusations d'agression sexuelle portées par Dylan Farrow. « Bien sûr que Woody n'a pas molesté ma sœur. Elle l'aimait et avait hâte de le voir quand il venait. Elle ne s'est jamais cachée de lui jusqu'à ce que notre mère réussisse à créer une atmosphère de peur et de haine à son égard. Ce fameux jour, nous étions six ou sept dans la maison. Nous étions tous dans des pièces communes et personne, ni mon père ni ma sœur, ne s'est isolé. Ma mère était comme par hasard partie faire des courses. J'ignore si Dylan croit réellement qu'elle a été abusée ou tente seulement de faire plaisir à sa mère. La contenter constituait une motivation puissante car quand on lui déplaisait, elle était atroce », a-t-il déclaré à People.
Pour Moses Farrow, c'est sa mère Mia qui est l'entière responsable des souvenirs erronés de Dylan. Il accuse cette dernière d'avoir implanté de fausses idées dans la tête de sa sœur pour se venger de Woody Allen, qui a entretenu une liaison avec leur fille adoptive Soon-Yi, qu'il a fini par épouser. « Ma mère m'a sans cesse rabâché que je devais détester mon père pour avoir écartelé la famille et pour avoir molesté ma sœur. Je l'ai haï pendant des années à cause de ma mère. Avec le recul, je réalise que c'était sa vengeance contre lui pour être tombé amoureux de Soon-Yi. »
Moses Farrow accuse d'ailleurs Mia de l'avoir maltraité lorsqu'il était enfant. « Elle a trompé le monde entier en faisant croire que notre foyer était épanoui. Dès notre plus jeune âge, notre mère exigeait de nous une obéissance aveugle. Elle me frappait. Si on la contrariait, elle entrait dans des colères noires qui nous intimidaient et nous effrayaient car on ne savait pas de quoi elle était capable. »
Dans le même article de People, Dylan Farrow répond aux accusations de son frère. Profondément blessée, elle explique : « C'est une trahison envers toute ma famille et moi-même. Mes souvenirs sont réels, ce sont les miens, ma mère ne m'a jamais entraînée. » Avant de poursuivre : « Je n'abandonnerai pas ma famille comme l'ont fait Soon-Yi et Moses. C'est comme si mon frère était mort. » Quant aux accusations de maltraitance de Moses contre leur mère, Dylan les rejette en bloc : « Je ne comprends pas d'où il sort que nous étions battus. Nous étions juste parfois renvoyés dans nos chambres. »
Les accusations de Dylan Farrow publiées par le New York Times surviennent alors que Woody Allen vient de recevoir un Golden Globe pour l'ensemble de sa carrière et que son dernier film Blue Jasmine est nommé à la cérémonie des Oscars. Face au retentissement provoqué par la lettre ouverte, le quotidien a déclaré être prêt à publier un droit de réponse de Woody Allen si ce dernier lui en faisait parvenir un.