Sur les réseaux sociaux, les premières concernées s'interrogent, les avis divergent, et les informations du corps médical semblent, elles aussi, avoir du mal à s'accorder. Déconseillé par certains spécialistes et centres de vaccination, recommandé par d'autres, avoir recours à ses deux injections lorsqu'en parallèle, on donne le sein à son enfant, reste un dilemme encore peu résolu.
En cause, la quasi absence d'études concernant les femmes allaitantes. "Elles n'étaient pas intégrées dans les cohortes des essais cliniques", détaille ainsi Marie-Xavier Laporte, vice-présidente de l'association Information pour l'allaitement, auprès du service Vrai ou Fake de Franceinfo. Pourtant, d'après les autorités sanitaires, dont les déclarations sur le sujet ont été recoupées par le média, le feu est bel est bien au vert.
"Sur la base des mécanismes biologiques (dégradation rapide des ARNm), il n'y a pas d'effet attendu chez l'enfant allaité par une femme vaccinée. La vaccination chez la femme allaitante est donc possible", affirmait notamment la Haute Autorité de santé dans un communiqué publié en mars dernier. Même son de cloche pour le Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale, qui atteste que "l'allaitement n'est absolument pas un obstacle à la vaccination", dans un avis diffusé au printemps.
Du côté des Nations unies, on martèle : "Je peux me faire vacciner si j'allaite". Et de préciser : "Il n'y a pas de risque de transmission du virus dans le lait maternel car aucun des vaccins présents sur le marché ne contient de virus vivant". Al'ANSM, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, on constate encore : "les données de la littérature et du suivi de pharmacovigilance ne mettent pas en évidence, à ce jour, un risque de la vaccination contre la Covid‐19 chez la femme enceinte et allaitante".
Encourageant, d'autant plus après l'analyse des premières données au sein de cette population rassemblées de part et d'autre de l'Atlantique.
Ainsi, selon le CCNI, comité de l'Agence de santé publique du Canada, l'ARNm était indétectable dans le lait maternel des patientes vaccinées 4 à 48 heures après l'injection. Conclusion que fait également une étude américaine publiée le 6 juillet dernier. Pour ce qui est des effets sur les enfants, là encore, rien de négatif n'est à déclarer. La revue scientifique Nature signe d'ailleurs : "Les vaccins ne passent pas dans le lait maternel mais les anticorps, oui, suggérant l'espoir que les bébés allaités pourraient bénéficier d'un certain niveau de protection".
Enfin, en France, le Centre de référence sur les agents tératogènes se prononce clairement, après observation de 4 000 femmes vaccinées en cours d'allaitement et de leurs enfants (chez qui "aucun événement particulier n'a été retenu") : "Une vaccination par vaccin à ARNm ou à vecteur viral contre la Covid-19 est possible chez une femme qui allaite."