Suite à la révélation de l’affaire Gisèle Pélicot, qui a mis a jour dix ans de soumission chimique et des dizaines de viols organisés par le mari de la victime, de nombreux collectifs féministes alertent sur ces cas de plus en plus fréquents. Tellement fréquents, en réalité, que l’on est en droit de se demander s’ils peuvent toujours être estampillés comme des « faits divers ». Ici, en France, comme à l’étranger. Ainsi, au début du mois d’octobre 2024, on apprenait que Kanye West était accusé par son ex-assistante, Lauren Pisciotta, de l’avoir droguée lors d’une séance d’enregistrement, en présence de P. Diddy (!). La jeune femme n’a aucun souvenir des événements qui se sont déroulés par la suite, mais, selon plusieurs médias américains dont TMZ, l’ex-mari de Kim Kardashian lui aurait confirmé qu’il se serait bien passé quelque chose entre eux durant la nuit. Et si le cas de Lauren fait les gros titres - du fait de la célébrité des différentes parties impliquées - combien de femmes au nom moins évocateur ont été abusées après avoir ingéré, à leur insu, des substances illicites ? Combien se sont réveillées avec un blackout glaçant et l’horrible sensation d’avoir été victime d’un rapport tout sauf consentant ?
Sandrine Josso, députée de Loire-Atlantique, s’est fait le porte-parole de cette lutte contre les abus sexuels sous soumission chimique, suite à une expérience qui aurait pu mal tourner pour elle. En 2023, l’élue est conviée à un dîner chez le sénateur Joël Guerriau. Au cours de la soirée, elle se voit offrir un verre qui lui aurait provoqué des malaises et une désorientation sévère. Prise de panique, elle se précipite aux urgences où des analyses révèlent la présence d’ecstasy dans son organisme. Malgré la plainte de Sandrine Josso, Joël Guerriau s’accroche à son poste coûte que coûte, et ce, malgré les injonctions de nombreux parlementaires qui l’enjoignent à se retirer de la vie politique. Une affaire qui fait écho à celle de Laurent Bigorne, en 2022, le directeur de l’Institut Montaigne qui avait été accusé d’avoir drogué une des collaboratrices, dans le but d’abuser d’elle. Et il fort à parier qu’à mesure que ces affaires prendront de l’importance dans les médias, de nouveaux cas feront surface. Des solutions ingénieuses sont élaborées, certes, à l’instar de cette appli qui pourrait détecter la drogue du violeur dans les verres, et la mission gouvernementale sur la soumission chimique a été relancée, mais c’est un réel changement systémique que l’on voudrait voir.
« Not all men, but always a man »…