Permettre à ses athlètes de se sentir à l'aise pour performer n'est apparemment pas dans les priorités de la Fédération européenne de handball (EFH). Ou en tout cas, pas quand il s'agit des équipes féminines. Et le 19 juillet dernier, ce sont les joueuses Norvégiennes qui ont fait les frais - littéralement - de cette scandaleuse réalité.
La polémique a débuté en amont de leur dernier match de l'Euro, qui les opposait la veille à l'Espagne pour disputer la médaille de bronze. Quelques semaines avant d'entrer sur le terrain, elles avaient décidé de troquer le bikini échancré contre un short arrivant mi-cuisse, similaire à celui de leurs homologues masculins. Elles en avaient alors informé l'EFH, mais l'organisme les a menacées d'une amende, voire même d'une disqualification, argumentant qu'il s'agissait là de "vêtement non conformes", que les shorts ne sont pas "en accord avec les termes définis par le règlement de beach handball".
"Les vêtements des athlètes contribuent à les aider à être encore plus performants, tout en restant cohérents avec l'image attractive que doit avoir le sport", stipule en effet le texte. Dimanche 18 juillet, les Norvégiennes n'ont pas cédé, et ont terminé la compétition dans une tenue qu'elles estiment "confortable" et moins dégradante qu'une culotte dont "les côtés doivent être larges d'au maximum 10 cm", comme le précise la Fédération européenne. Résultat : 1 500 euros d'amende, soit 150 par joueuse.
Pour un média régional, "une vision aussi machiste de la femme appartient à une autre époque". Un ton révolté qu'emploie également le ministre norvégien de la Culture, Abid Raja, qui tweete dans la foulée : "Punaise, que de changements d'attitudes sont nécessaires dans l'univers international macho et conservateur du sport". "En 2021, ça ne devrait même pas être un sujet", lance à son tour le président de la Fédération norvégienne de volleyball, Eirik Sørdahl.
"Je ne vois pas pourquoi nous ne pouvons pas jouer en short", lâche Martine Welfler, l'une des joueuses norvégiennes, au New York Times, ajoutant qu'elle et ses coéquipières en avaient assez d'être obsérvées en tenue lègère. "Avec tant de body shaming et de choses comme ça de nos jours, on devrait pouvoir porter un peu plus quand on joue".
La jeune femme explique d'ailleurs que cette obligation vestimentaire porte préjudice au sport, puisque certaines athlètes ne veulent pas concourir à un niveau international en raison des exigences en matière d'uniformes (dans les tournois nationaux, elles peuvent porter des shorts, précise le média américain). "C'est vraiment triste parce que peut-être que les meilleurs joueurs ne participeront pas". Et de rappeler : "l'accent devrait être mis sur le jeu".
Valérie Nicolas, sélectionneuse de l'équipe de France de beach handball, témoigne elle aussi de ces réticences liées à ces consignes, rapporte l'AFP. "J'ai perdu des joueuses à cause de ce maillot de bain imposé. Elles me parlent de leur inconfort, elles ont l'impression d'être nues en public et scrutées par tout le monde".
"Le plus important est de disposer d'équipements avec lesquels les athlètes sont à l'aise", martèle encore le président de la Fédération norvégienne de handball, Kare Geir Lio. "Cela devrait être un choix libre dans le cadre de règles standardisées." Devant le tollé, l'EFH se contente de renvoyer la balle à la Fédération internationale, assurant que les décisions doivent venir de plus haut, et qu'elle-même ne fait que les appliquer. Traduction : le sexisme dans le sport a encore de beaux jours devant lui.