Des "traitresses culturelles", "avides de célébrité". C'est ainsi les médias conservateurs iraniens ont qualifié les actrices Chakameh Chamanmah et Sadaf Tahérian. Leur crime ? Avoir posté des clichés d'elles sur leurs comptes Instagram respectifs où elles apparaissent cheveux apparents, sans voile.
Elles sont désormais interdites de tournage en Iran où aucune d'elle ne réside plus désormais. D'après le blog Nouvelles d'Iran qui rapporte l'information, Sadaf Tahérian vit à Dubaï, aux Émirats arabes unis. Quant à Chakameh Chamanmah, son lieu de résidence est inconnu.
Depuis la révolution islamique de 1979, les femmes sont obligées d'observer scrupuleusement les règles vestimentaires dictées par les autorités religieuses du pays. Jusqu'en novembre 2014, les Iraniennes qui étaient jugées "mal voilées" en public étaient soumises à une amende de la part d'une "police de la moralité" mise en place sous l'ère du très conservateur Mahmoud Ahmadinejad. Désormais, avec l'arrivée au pouvoir du modéré Hassan Rohani, c'est désormais le ministère de l'Intérieur, et non plus la police, qui veille au port correct du hijab.
Mais malgré un "assouplissement" des règles vestimentaires, la publication des photos "non islamiques" des deux actrices a entraîné l'immédiate réaction du ministère de la Culture et de l'Orientation islamique, qui a fustigé leur comportement. "L'acte de ces deux actrices témoigne d'un manque d'affection chez elles et de leur caractère faible. Selon nos règles, ces personnes-là ne peuvent plus travailler officiellement. Nous ne les considérons plus comme des artistes", a déclaré le porte-parole du ministère Hossein Noushabadi.
Son discours a immédiatement été suivi d'effet : la rediffusion de la série Aseman-é man (Mon ciel, en persan) sur la chaîne de télévision publique iranienne a été interrompue afin que les séquences où apparaît Chakameh Chamanmah soient coupées. Les médias iraniens rapportent également que la série Amin dans laquelle joue Sadaf Tahérian a été déprogrammée dans l'urgence le 29 octobre dernier.
Ce n'est pas la première fois qu'une actrice iranienne est ainsi blacklistée par son pays pour être apparue non-voilée en public. En 2008, l'actrice Golshifteh Farahani s'était fait confisquer son passeport par les autorités religieuses pour avoir tourné une année plus tôt Mensonges d'État de Ridley Scott aux côtés de Leonardo DiCaprio. Elle avait fini par quitter l'Iran mais n'est depuis plus jamais retournée dans son pays d'origine.