"C'est important !" : les collectifs féministes appellent à manifester ce 14 septembre pour Gisèle Pelicot, car "le procès de Mazan" n'est pas juste un fait divers

On le sait déjà, "l'affaire de Mazan" ou "procès des viols de Mazan", est historique.

Elle l'est, par l'horreur des faits concernés, et ce qu'ils racontent des violences patriarcales, de leur banalisation, de la culture du viol... Dominique Pelicot est accusé d’avoir drogué son épouse Gisèle afin de la violer et la faire violer par des dizaines d’inconnus, "recrutés" sur le web, pendant près d'une décennie, de juillet 2011 à octobre 2020. La victime était sous soumission chimique. 

Les viols avaient lieu en grande partie au domicile du couple à Mazan.

Ces abus répétés font dire à certains, sur Twitter : "Not All Men" : tous les hommes "ne sont pas agresseurs, violeurs"... Alors qu'il faut avant tout prendre en considération la victime : Gisèle Pélicot, devenue, sans le vouloir, en acceptant qui plus est d'apparaître à visage découvert dans se procès, un emblème. Celui des luttes féministes.

La remettre au coeur de tout, c'est ce que désirent aujourd'hui militantes et collectifs féministes. Qui en appellent à une mobilisation générale, dans la rue, en son honneur, ce samedi 14 septembre ! On vous précise les détails de cet appel à manifester...

"Réel je reçois des messages de meufs qui vont jeter leur mec parce qu'ils font du not all men et des réflexions de merde sur le procès Pélicot, bravo les meufs", "Quitter son gars parce qu’il fait du not all men devant l’affaire Mazan c’est totalement légitime. Et je pense que vous devriez les quitter pour moins que ça même", peut-on lire ces derniers jours sur Twitter. Le procès Pélicot semble par son caractère effroyable faire office de prise de conscience collective dans la société française : ne plus accepter, ne plus minimiser. Car euphémiser, c'est déjà banaliser. 

C'est pour cela que la militante féministe Anna Toumazoff ainsi que d'autres consoeurs, comme la militante et écologiste française Camille Etienne, en appellent à manifester ce 14 septembre. "Ça vous touche, dégoûte, scandalise, révolte ? Rejoignez-nous", écrit l'autrice abondamment suivie sur ses réseaux sociaux. Appel à l'unisson soutenu par La Fondation des Femmes et le collectif féministe #NousToutes. 

Mais où aura lieu l'événement ?

Tel que le relate ELLE, les mobilisations devraient prendre place à Paris, à partir de 14 heures, place de la République. 

Mais également partout ailleurs en France : à Avignon, Annecy, Auxerre, Caen, Marseille, Poitiers, Nantes, Dijon Grenoble, Rennes, Toulouse, Tours, Rouen, Saint-Etienne, Montpellier, Nice, Metz, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Vannes. La liste est actualisée sur cette publication Instagram d'Anna Toumazoff. 

"C’est important d’y aller", précise d'emblée l'une des participantes. "Car c’est un procès qui prouve que toute la société est concernée. Ce n’est pas juste un fait divers d’un homme complètement fou. Le fait que la société civile se mobilise peut aider à considérer ce procès comme un fait de société et non comme un seul fait divers".

Ne pas considérer une violence patriarcale comme un fait divers, c'est un combat historiquement féministe. C'est suivant cette réflexion, source de luttes militantes, que le terme de "féminicide" s'est vu largement accepté dans les médias et les esprits, au fil des années. Il s'agit de fait de définir des violences pour ce qu'elles sont : des violences de genre, visant les femmes pour la simple raison qu'elles sont des femmes.

Rappelons cette tribune de Camille Froidevaux-Metterie, philosophe et essayiste féministe : "Procès des viols de Mazan : le calvaire de Gisèle Pélicot, ou la violence patriarcale ordinaire. Si Gisèle se tient droite à la barre et parle, c’est parce qu’elle sait que son calvaire est celui de toutes les femmes, depuis l’aube des temps, partout et toujours."

"Gisèle Pélicot fait montre d’une vaillance et d’une générosité immenses en acceptant la publicité du procès. Le don inouï qu’elle fait à toutes les autres victimes, c’est de révéler au grand jour la violence patriarcale dans toute son évidence et toute sa banalité. Plus personne ne pourra soutenir que les agresseurs sont des monstres psychopathes errant dans les rues la nuit"

"Nous dirons désormais : rappelez-vous l’affaire Pélicot, souvenez-vous de Gisèle qui fut livrée à l’abjection la plus immonde par le « chic type » qu’était son mari. Nous n’oublierons jamais ce qu’elle a fait pour que la honte change de camp, nous lui devons déjà une reconnaissance infinie. Pour l’heure, qu’elle et sa fille, Caroline Darian, qui s’est engagée dans la lutte contre la soumission chimique, puisent la force de poursuivre dans cette conviction que ce qu’elles sont en train de faire changera en profondeur le regard de la société tout entière sur les violences faites aux femmes"