Pour le lancement de son calendrier 2019, nous sommes allés rencontrer la femme d'affaires Clara Morgane. Femme à l'image sulfureuse, à qui les grincheux·ses ordonnent souvent de se rhabiller, elle a dépassé les critiques pour vivre de ses passions et sillonne la France avec son Cabaret de Clara. Alors qu'elle est régulièrement victime de slutshaming, nous avons voulu savoir quelle était sa vision du féminisme, entre la maman et la putain.
Clara Morgane : Quand on est plus jeune, on se pose beaucoup la question de ce que les autres pensent de nous, en tout cas, c'était mon cas. Mais depuis que j'ai grandi, et surtout depuis que je suis maman, je me suis complètement libérée de cette question. Et j'ai vu plein de gens qui ont une bonne image, qui sont réputés, qu'on met sur un piédestal et qui sont très malheureux, ont une vie assez triste et parfois sulfureuse, alors que leur image ne l'est pas du tout.
Ça m'a beaucoup aidée à me libérer totalement de ça. Je me dis qu'il faut vraiment être soi-même et profiter de sa vie parce qu'elle est courte.
J'ai la chance d'avoir un métier extraordinaire que j'adore, d'être une femme d'affaires parce que j'ai une boîte de production qui fonctionne très bien, et en même temps, je suis la maman de la plus belle petite fille du monde.
Je suis extrêmement chanceuse, je me sens extrêmement bien dans mes talons ou dans mes baskets selon si je suis Clara Morgane ou Emmanuelle (son vrai prénom- Ndlr), et ça me va très bien. Ce sont deux parties de ma personnalité et elles s'assemblent à merveille.
C.M : Non ! Parce que moi, je le suis fondamentalement ! Mais on a le droit de le penser parce que je connais tout le discours qui consiste à dire qu'à partir du moment où on utilise son corps, on est l'ennemie du féminisme. Parce qu'une féministe n'a pas besoin d'utiliser son corps tellement son intellect est suffisant.
Moi, je prône le concept que la liberté est ce qu'il y a de plus féministe en tant que femme. C'est-à-dire qu'être libre et de pouvoir s'exprimer, de s'exhiber, d'être maman, tout à la fois, comme la sainte et la pute. C'est moche, mais c'est ça. On veut nous catégoriser, soit dans une catégorie soit dans l'autre.
Je n'ai pas choisi, je n'ai jamais choisi, et surtout j'ai eu la chance de trouver un mari qui comprend parfaitement ça, qui lui ne me met dans aucune case. Donc je n'ai pas besoin de plus de compréhension du monde extérieur.
C.M : On prend l'habitude. Ce qui est triste, c'est qu'on est dans une société où on ne peut pas vraiment dire ce qu'on pense. Parce que c'est ultra-lissé et ultra-édulcoré. Que la moindre phrase est matière à polémique. Et comme je suis une personne qui en réalité adore la tranquillité et ma vie de famille et qu'à aucun moment, je n'ai envie de les bousculer, je ris à certaines vannes qui ne me font pas rire.
C.M : Il y a des choses qui marquent plus que d'autres. Comme les films que j'ai fait il y a... je ne sais même plus, 20 ans ? 18 ans ? Ce sont des choses qui marquent beaucoup, qui marquent une carrière qui sont d'ailleurs les piliers de tout ce que j'ai pu créer après.
Je dis toujours que la notoriété ne sert à rien si on ne peut rien créer. Si rien ne sort d'une notoriété. C'est juste horrible. Les gens pensent que vous leur appartenez, ils vous demandent une photo, d'être présente, de sourire : quelle horreur si ça ne mène à rien !
Moi, ça m'a aidée, ça m'a portée. J'avais beaucoup de rêves, beaucoup de choses à dire. J'ai fait de la musique, de la présentation télé avec plus ou moins d'admirateurs. Mais force est de constater qu'il y a des personnes qui ont apprécié puisqu'elles sont toujours présentes auprès de moi, qui achètent mes calendriers, qui viennent à ce que je propose, qui viennent applaudir mon cabaret.
Donc je n'ai pas la volonté de plaire à tout le monde. Mais si je peux continuer maintenant depuis plus de quinze ans ce que je fais, c'est qu'il y a certaines personnes que ça intéresse.
C.M : Le cabaret, c'est un peu l'aboutissement de tout ça, parce que comme j'ai présenté des émissions de télé et que là, je suis maîtresse de cérémonie, cela représente un peu ça. Je porte l'image du cabaret. Ensuite, j'ai deux tableaux chantés, c'est ma partie chanteuse.
Même si je ne me suis jamais prise pour une chanteuse à voix : moi, je suis une interprète. Il y a tout ce que j'ai appris dans ce métier sur le tard qui me sert pour ce spectacle et ça me comble. Alors je ne sais pas ce que je ferais en 2020, mais tout 2019, on a des dates !
C.M : Oh, je ne cherche pas ça, vraiment. Je ne le cherche pas et je ne l'ai jamais cherché. Même si j'ai conscience d'être une exception dans le chemin que j'ai choisi. Parce qu'il n'y a aucune fille qui a commencé là où j'ai commencé et qui ensuite a eu une carrière dans laquelle elle s'est épanouie. Il y en a eu, mais c'est assez rare.
C.M : Ce que je peux faire en tant que maman, c'est de lui donner toutes les armes, les connaissances, tous les choix possibles, pour qu'elle n'ait pas des choix extrêmes comme les miens.
Parce que moi, je cherchais tellement la liberté, je cherchais tellement à m'évader, à grandir, à voler de mes propres ailes que j'ai fait des choix radicaux. Je lui souhaite qu'elle ait un tel panel devant elle, qu'elle puisse librement faire des choix réfléchis.
C.M : Ça n'est pas politique, mais j'aime bien Brigitte Macron. Dans un sens, je pense qu'on a quand même une présidente, donc c'est une idée qui me plaît.
C.M : Lady Oscar ! La parité homme-femme, la différence qu'il peut y avoir entre deux êtres. Cela m'importe beaucoup et elle, elle était les deux à la fois. Déjà que c'est difficile d'être une femme en tant que femme, mais elle était une femme en tant qu'homme et ça m'inspirait pas mal.
C.M : Daenerys dans Game of Thrones.
Qu'est-ce qui te rend dingue en tant que femme ?
C.M : Oulala. Beaucoup de choses ! Déjà, la première chose, c'est l'égalité des salaires. C'est quelque chose qui est très dificile à comprendre en 2018. Malheureusement, même si la volonté du président, bien aidé par sa femme, est qu'on en finisse avec cette inégalité, je pense qu'on en est encore loin.
Quelle est la chanson girl power qui te booste ?
C.M : I Kissed A Girl de Katy Perry.
Quel est ton mantra préféré ?
C.M : Quand je l'emploie, je mets "elle" au lieu de "il". A la base c'était : "Il ne savait pas que c'était impossible alors il l'a fait". J'ai cette citation féminisée chez moi. Parce que c'est à moi que ça parle. Alors j'ai écrit : "Elle ne savait pas c'était impossible alors elle l'a fait".
Calendrier mural Clara Morgane 2019, Hugo Image, 19,99€