Ce mardi 6 novembre à 15h35, les femmes sont invitées à arrêter de travailler. Une grève éphémère et symbolique pour protester contre les écarts de salaires qui perdurent entre hommes et femmes.
En un an, les Françaises ont gagné trois tout petits jours de salaire, puisque l'année dernière, elles étaient appelées à s'arrêter de travailler le 3 novembre à 11h44.
Comme le rappellent la newsletter Les Glorieuses, à l'origine de cette initiative, à ce rythme-là, nous arriverons à l'égalité salariale en 2168. Sa fondatrice, Rebecca Amsellem s'est basée sur le chiffre de l'agence européenne Eurostat pour déterminer ce jour et cette heure.
L'agence estime que l'écart de salaire entre femmes et hommes en France est de 15,2 %. Elle a ensuite rapporté cet écart sur le nombre de jours ouvrés en 2018, ce qui nous donne le 6 novembre à 15h35.
Depuis 1972, le Code du travail français stipule que "tout employeur est tenu d'assurer, pour un même travail ou pour un travail de valeur égale, l'égalité de rémunération entre les hommes et les femmes".
Quelques années plus tard en 1983, nous avons eu la loi Roudy, puis la loi sur l'égalité salariale en 2006, puis celle sur l'égalité réelle en 2014. Pourtant, les inégalités sont toujours là.
Fin octobre, la ministre du Travail Muriel Pénicaud et Marlène Schiappa, secrétaire d'État à l'Égalité femmes-hommes, ont annoncé que toutes les entreprises de plus de 50 salarié·es seraient dans l'obligation le 1er janvier 2019 d'auditer les différences de salaires à poste égal.
Si elles ne respectent pas l'égalité, elles devront alors prévoir une enveloppe sur trois ans pour assurer le rattrapage. A l'issue de ces trois ans, en 2022, ces entreprises seront contrôlées et s'exposent à une amende équivalente à 1 % de leur chiffre d'affaires si l'égalité salariale n'est pas respectée.
Selon ce même ministère du Travail, à travail égal, les femmes gagnent 9 % de moins que les hommes. Un écart qui peut atteindre les 25 % sur une carrière. Des écarts qui se répercutent sur la retraite avec 37 % de différence de pension.
Face à ce phénomène qui prive les femmes de leur dû, le gouvernement est accusé de ne pas aller assez vite. Le président de la République Emmanuel Macron avait promis un dispositif "name and shame". C'est-à-dire la publication publique des entreprises qui respectent le moins l'égalité.
Mais cette mesure a été repoussée et les entreprises de cette liste seront juste convoquées par Marlène Schiappa pour remontrance sans qu'elles ne soient publiquement listées.
Dans une tribune dans L'Obs, publiée le lundi 5 novembre, 28 entrepreneuses dénoncent ce recul que le chef de l'Etat avait pourtant promis encore le 8 mars dernier. Elle demande que soit publiée "en toute transparence, ce scandaleux répertoire".
"Nous, femmes entrepreneures, appelons à ce que cesse cette situation insupportable et les tourments qui en découlent : détresse économique, précarité, retraites sous-évaluées, extrême pauvreté etc. Alors que l'arsenal législatif est (enfin) en place pour rétablir la justice, il est grand temps que l'égalité de fait se substitue à l'égalité de droits."
Ces 28 entrepreneuses parlent d'une égalité salariale "effective en théorie" mais "honteusement moquée en pratique par certaines entreprises qui piétinent ouvertement la loi comme les droits élémentaires de leurs salariées".
Elles appellent à signer la pétition lancée par Fatima Benomar des Effrontées et le porte-parole d'EELV Julien Bayou qui ont déposé un recours devant le Conseil d'État le 18 septembre. L'objectif ? Que soit publié par le gouvernement la liste noire des entreprises de plus de 50 salarié·es qui ne respectent pas l'égalité salariale comme la loi les y oblige.
Selon un sondage réalisé pour l'occasion par Les Glorieuses et l'agence Mad and Women, "73% des personnes interrogées pensent que le gouvernement n'agit aujourd'hui pas suffisamment pour résoudre les inégalités salariales entre les hommes et les femmes" dont 82% des femmes interrogées et 63% des hommes.
Les Glorieuses proposent trois mesures pour changer la donne par le biais d'une pétition. La première est la transparence des salaires en entreprise pour que chacun·e sache où l'on se situe et faire valoir une augmentation le cas échéant. La deuxième est un certificat d'égalité salariale de la part des entreprises, et la troisième est un congé parental équivalant pour chaque parent.
Alors à 15h35 aujourd'hui, n'hésitez pas à débrayer et à montrer votre photo sur les réseaux sociaux de vous et vos collègues sous le hashtag #6novembre15h35 !