Certes, l’accord de Doha permettra de lancer une seconde période pour le Protocole de Kyoto jusqu'en 2020, seul traité international visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES). Mais les Etats qui se sont engagés dans cette deuxième période - l'Australie, la Biélorussie, la Croatie, le Kazakhstan, le Liechtenstein, Monaco, la Norvège, la Suisse, l'Ukraine et les 27 États membres de l'Union européenne- ne représentent que 15% des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le monde. Le Canada s’est retiré du protocole, le Japon, la Nouvelle-Zélande et la Russie en restent simplement membres, mais sans engagements dans la seconde période. Cet accord a minima ne donne pas non plus de garantie sur la question des moyens financiers affectés à la lutte contre le changement climatique. L’accord de Doha se contente de rappeler l’engagement pris à Copenhague en 2009 par les pays développés de fournir 100 milliards de dollars annuels à partir de 2020 pour, notamment, permettre aux pays pauvres de s’adapter aux changements climatiques. Or, les financements appelés « fast start » (30 milliards de dollars sur la période 2009-2012) ont pris fin. Aucun objectif intermédiaire n’a été pris pour cette période de sept ans… Seuls l’Allemagne, le Royaume-Uni, la France, le Danemark, la Suède et la Commission européenne ont annoncé des montants concrets d’ici à 2015, totalisant 6 milliards de dollars. Un montant largement insuffisant.
Enfin, les Etats-Unis restent opposés au principe des « pertes et préjudices » (« loss and damages »), c'est-à-dire les réparations des dommages causés par les changements climatiques dans les pays en développement. Seule « avancée » : la mise en place d'un groupe de travail sur le sujet pour « l'évaluation des besoins des pays en développement et la mobilisation de ces ressources ». Les décisions, elles, sont reportées à la prochaine conférence climatique (COP 19), qui se déroulera à Varsovie ; voire à celle de 2015, qui pourrait se dérouler en France. Un calendrier diplomatique très déconnecté de l’urgence environnementale, notamment pour les pays du Sud. Rappelons que la Banque mondiale a publié, une semaine avant l’ouverture des négociations climatiques de Doha, un rapport montrant que le scénario d’un réchauffement à 4°C est bel et bien une possibilité, alors que le seuil à ne pas dépasser pour endiguer les impacts du changement climatique est de 2°C. Déjà, le niveau actuel des émissions mondiales de CO2 rend quasiment intenable l'engagement pris par la communauté internationale de contenir le réchauffement climatique. Sans politique internationale volontariste, les perspectives sont des plus pessimistes, notamment pour les pays en développement. Et de manière globale, « une planète à +4°C serait si différente de celle que nous connaissons actuellement qu’elle susciterait de grandes incertitudes et que de nouveaux risques menaceraient les capacités de prévision et de planification indispensables à notre adaptation à ces nouvelles exigences », a prévenu le président de la Banque mondiale Jim Yong Kim.
Crédit photo : Abacapress
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