On est pas près d'oublier le discours super inspirant de la Miss Univers Zozibini Tunzi. Lors de son sacre, la victorieuse jeune femme Sud-Africaine a décoché des mots girl power au possible en prônant la solidarité et - surtout - la diversité. "J'ai grandi dans un monde où une femme qui me ressemble, avec mon type de peau et de cheveux, n'a jamais été considérée comme étant "jolie". Je pense qu'il est temps que ça change", a-t-elle déclamé.
Elle ne croyait pas si bien dire. Car aujourd'hui, les femmes noires investissent de plus en plus les concours de beauté. Et, surtout, squattent le haut de l'affiche en ressortant couronnées de ces compétitions prestigieuses. Leur présence nécessaire au sein de tels événements suggère que les mentalités évoluent. Et, avec elles, certains diktats et "canons" bien trop ancrés dans cette sphère ô combien "monochrome".
Les femmes noires "n'ont jamais eu autant de succès que cette année" aux concours des Miss, se réjouit d'ailleurs le New York Times. Le changement que le magazine observe n'a rien d'anecdotique : à l'aube de 2020, les grandes lauréates n'ont plus grand-chose des traditionnelles "poupées Barbie". C'est-à-dire des candidates louées "pour leurs cheveux lisses, leur couleur de peau claire et leurs lèvres minces". Non, les normes évoluent, comme en attestent les récentes victoires des jeunes afro-américaines Cheslie Kryst (Miss USA 2019), Kaliegh Garris (Miss Teen USA de l'année), Nia Franklin, nommée Miss America 2019, sans oublier Toni-Ann Singh, Miss Jamaïque devenue nouvelle Miss Monde. Ou encore le récent sacre de Miss Guadeloupe, Clémence Botino, élue Miss France 2020. Une révolution.
Des gagnantes qui portent leurs couronnes comme un beau message d'espoir, d'autant plus que leur réussite professionnelle dépasse de loin le "simple" protocole des concours de beauté - Nia Franklin est également compositrice de musique, et Cheslie Kryst avocate, toutes deux ayant moins de trente ans. Bien sûr, bien avant Kaliegh Garris ou Zozibini Tunzi, les femmes noires ont déjà été victorieuses au gré des concours de beauté.
On pense notamment à Vanessa Williams, Miss America de l'année 1984, et par ailleurs première afro-américaine à avoir remporté ce titre. Et ce lors d'une décennie où, comme l'indique le journal américain, peu voire aucune femme de couleur n'était représentée dans ce genre d'événements très "standardisés"... et discriminants au possible.
Mais pour la professeure Hilary Levey Friedman de la Brown University (Providence), les choses sont différentes aujourd'hui. "L'idée de ce que nous pensons 'beau' s'est élargie", s'enthousiasme-t-elle dans les pages du New York Times, saluant cette diversité notable de "couleur de peau et de type de corps".
Bref, l'inclusion défile sur les podiums, et ce n'est (vraiment) pas trop tôt. Car c'est la première fois que des femmes noires obtiennent, la même année, autant de prix prestigieux au sein de ces concours de beauté. Des compétitions qui, des décennies durant, ont exclues les femmes de couleur, rappelle encore la Miss USA Cheslie Kryst. Un racisme assumé.
"Miss Univers 2019, Miss USA 2019, Miss Teen USA 2019 et Miss America 2019. Pour nous quatre - femmes de couleur - détenir ces titres est important. Pendant des décennies, la compétition Miss America a interdit aux femmes noires d'y participer, c'est pourquoi des concours comme Miss Black USA et Miss Black America existent. Les femmes noires n'étaient LITTÉRALEMENT pas autorisées à concourir à Miss America et n'ont pas gagné à Miss USA pendant près de quarante ans après le début de la compétition ! Et ma connaissance, seules six femmes noires ont jamais détenu le titre de Miss Univers", a fustigé celle-ci sur Instagram.
C'est dire le sourire qui recouvre désormais le visage de la Miss USA, Cheslie Kryst. A la lire, sa victoire est plus qu'une "consécration individuelle". Et la miss d'envoyer ses félicitations "aux autres reines à travers le monde qui brisent les frontières et les stéréotypes".
Rappelons à ce titre que la première femme noire à avoir participé à Miss America a pour nom Cheryl Browne. Et sa candidature date... de 1970. Il n'y a pas si longtemps. Aujourd'hui, on l'imagine, admirative, écouter les mots de Miss Univers : "Je veux que les enfants me regardent et voient mon visage, et je veux qu'ils voient leurs propres visages se refléter à travers le mien". Black women matter.