A 27 ans, Corentine Quiniou est une pilote automobile professionnelle accomplie. Elle a remporté le Rallye Aicha des Gazelles en 2006, 2007 et 2009, le Rallye des Princesses en 2005, le championnat Classic Endurance Racing 2008, et s'est classée 1er équipage féminin et 1er équipage jeune au Dakar 2006. Enfin, cette année, Corentine a terminé 8ème de la catégorie GT4 aux 24 heures de Dubaï au volant d’une Aston Martin.
Terrafemina : D’où vous vient cette passion pour la course automobile ?
Corentine Quiniou : C’est de famille ! Mon père était un passionné de course automobile. Il courait régulièrement en tant qu’amateur et moi, je le suivais sur les circuits. Et puis, petit à petit, j’ai eu l’envie de tenir un volant dans mes mains. A l’âge de 14 ans, j’ai commencé par faire des courses de karting, j’ai participé à plusieurs championnats de France d’endurance et aux 24 heures du Mans. A l’âge de 18 ans, permis en poche, j’ai décidé de me lancer dans la course de voitures.
TF : Comment les femmes sont-elles considérées sur les circuits ?
C.Q : C’est un milieu à dominante masculine bien sûr. En revanche, c’est une des rares disciplines sportives qui est 100% mixte. Les femmes peuvent concourir au même titre que les hommes. Le matériel et les exigences des courses sont les mêmes.
Avec les hommes, ça se passe très bien. En général, on se connait depuis des années et ils sont très contents de la présence des femmes. Nous ne sommes pas montrées du doigt. Le sport, c’est le plaisir avant tout, il n’est pas question de différence de sexe. Pendant la course, habillé et casqué, personne ne remarque si le pilote est une femme ou un homme.
Et puis, même si c’est un sport masculin, je reste féminine. Malgré mon casque, j’ai les cheveux longs et j’ai même conduit des voitures roses ! Je suis un garçon manqué dans l’âme car j’aime la vitesse mais en apparence, je reste féminine.
TF : Les pilotes hommes sont très présents dans les médias, ils sont même des stars à l’instar de Sébastien Loeb. Les femmes, elles, semblent être évincées de ce relais médiatique. Comment expliquez-vous cela ?
C.Q : C’est vrai, les femmes se font rares dans la presse. Deux facteurs peuvent expliquer ce phénomène : d’une part, il y a encore ce problème de parité sur les circuits. En moyenne, sur 100 concurrents, un seul est une femme. Donc évidemment, les championnes se font rares !
Ensuite, quand on est une femme, on doit davantage faire ses preuves. Il faut prouver que l’on peut être meilleure que les hommes. Une fois que cet objectif est atteint, tout le monde s’intéresse à vous. C’est le cas de la pilote de rallye française dans les années 80, Michèle Mouton ou aujourd’hui, la jeune Américaine Danica Patrick, en Formule 1.
TF : Votre famille doit être fière de vous. Vos parents vous ont-ils toujours encouragé à évoluer dans ce milieu plutôt masculin ?
C.Q : Ils ne m’ont jamais freiné. J’ai fait ce choix, ils l’ont toujours respecté. Ce n’est pas facile tous les jours parce que je les vois peu car je suis souvent à l’étranger.
Le jour où j’aurai des enfants, je ne ferai plus exactement les mêmes choses. Je roulerai sur des circuits moins dangereux, plus sécurisés. Mais en attendant, mon objectif c’est de continuer la course et plus précisément les 24 heures du Mans qui auront lieu les 12 et 13 juin.
Stéphanie Marin
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