Le roi du ballon rond ne s'attendait sans doute pas à un tel retour de bâton. Habitué à partager son quotidien avec ses 161 millions de followers, Cristiano Ronaldo a posté une vidéo somme toute mignonne sur son compte Instagram.
On y voit le quintuple Ballon d'or faire des passes à son fils d'un an et demi, Mateo. L'occasion de se dire : "Wow, le fiston a de qui tenir". Sauf que... Cristiano a oublié de soigner la mise en scène de l'arrière-plan.
Derrière la réjouissante petite scène, on découvre la jumelle de Mateo, Eva. La fillette balance sa jambe dans le vide, attendant désespérément que son champion de père lui envoie la balle à elle aussi. Mais rien n'y fait : "CR7", fier comme un paon, reste focalisé sur son héritier, ne prêtant guère attention au mini-drame qui se joue en coulisses.
Finalement, Eva se rabattra- ô comble de l'ironie- sur un balai miniature.
Si les aficionados du footballeur portugais, aveuglés par l'amour, ont applaudi les exploits de Mateo, la silhouette frustrée de la petite Eva n'a pas échappé à de très nombreux twittos. Et les messages outrés n'ont pas tardé à pleuvoir, accompagnés du hashtag #EvaTambienQuiereChutar ("Eva veut jouer elle aussi").
Car la scène qui se voulait anodine révèle un problème majeur : l'éducation genrée. Le garçon dans la lumière, la balle au pied, galvanisé et glorifié. Et la fillette, vraisemblablement aussi douée que son frangin (il y a de la dextérité dans ce coup de pied), invisibilisée et désabusée. Parce que non, une fille ne joue pas au foot chez les Ronaldo. Ça, c'est pour les mecs. La nana, elle, reste sur la touche et cantonnée à son chariot de ménage.
A l'instar de tant d'autres parents, Cristiano se vautre ainsi dans les stéréotypes de genre. Comme le révèle une récente enquête menée par Kantar TNS pour TF1 à l'approche du Mondial féminin confirme l'ancrage de ces clichés : 85% des parents de garçon accéderaient à la demande de leur fils de s'inscrire dans un club de foot, contre 76% des parents d'une fille.
Et pourtant... Selon une étude publiée par l'UEFA, le foot serait un véritable levier d'empowerment pour les filles, les jeunes joueuses ayant plus confiance en elles que les autres. Voilà qui aurait pourtant de quoi plaire au champion de l'ego ?
On se prend à rêver que l'idole mondiale de la baballe, piquée au vif par la polémique, réagisse et se fasse le chantre du foot au féminin. Et que le crack de la Juve entraîne dans son sillage une ribambelle de fillettes prêtes à dribbler comme des cheffes. En attendant ce jour béni, joue-la comme Ronaldo, Eva.