Après le Mediator, les pilules de troisième génération et Diane 35, un nouveau médicament détourné de son usage est mis en cause : le Cytotec du laboratoire Pfizer Holding France, un traitement prescrit en cas d’ulcère ou de maladie de l’estomac mais largement détourné et utilisé pour déclencher des accouchements ou favoriser l’expulsion du fœtus en cas d’avortement ou de fausse-couche. Problème, cette utilisation hors autorisation de mise sur le marché (hors AMM) s’avère dangereuse, présentant des risques de rupture de l’utérus, d’hémorragies ou encore d’anomalie du rythme cardiaque du fœtus.
Dans les colonnes de 20Minutes, Aurélie Joux, 31 ans, raconte ainsi son troisième accouchement, en novembre 2010, à l’hôpital de Poissy, dans les Yvelines. Celui-ci se transforme en calvaire après qu’elle a reçu du Cytotec. Ses contractions s’amplifient. « C’était comme une sur-contraction. On voyait que le cœur du bébé ralentissait. J’ai demandé qu’on me fasse une césarienne ». Quand son fils naît finalement, grâce à des ventouses, il ne respire pas. « La première image que j’ai eu de mon bébé a été celle de la mort », se souvient la trentenaire. Réanimé, Timéo souffre aujourd’hui d’un handicap moteur tandis que sa mère a été victime d’une déchirure de l’utérus. Avec une autre mère dont l’accouchement, à l’hôpital de Poissy, a également été déclenché par Cytotec, elle a créé l’association « Timéo et les autres » pour alerter les futurs parents sur la dangerosité de ce médicament.
Lundi, l’Agence française de sécurité du médicament (ANSM) alertait elle aussi les professionnels de santé des dangers de l’utilisation de cet anti-ulcéreux en gynécologie. « Dans le déclenchement de l’accouchement à partir de 37 semaines d’aménorrhée, le recours à des spécialités non autorisées, quelle que soit la voie d’administration, fait courir des risques graves à la mère et à l’enfant », pouvait-on lire sur le site Internet de l’autorité. « Des effets indésirables graves ont été rapportés avec une utilisation de Cytotec dans le déclenchement du travail comme la survenue de rupture utérine, d’hémorragies ou d’anomalies du rythme cardiaque fœtal », détaillait-elle. Une mise en garde qui s’applique également au Gymiso du laboratoire Linepharma France. Ce dernier contient du misoprostol, la même molécule que le Cytotec, et ne doit donc pas être utilisé dans le déclenchement artificiel du travail.