C’est un renversement qui nous amène bien loin des clichés voulant que les hommes aient fait de plus longues études que les femmes : une étude espagnole démontre que les femmes sont de plus en plus nombreuses à épouser des hommes moins diplômés qu’elles. Menée dans 56 pays par le Centre d’études démographiques de Barcelone, cette enquête observe une mutation sociétale historique, en révélant que le nombre de couples dans lesquels la femme a fait de plus longues études que son conjoint suit une courbe exponentielle. Une croissance constante, qui semble cependant ne pas avoir d’impact sur la vie amoureuse de ces femmes, qui n’ont pas plus de difficultés à trouver un conjoint que leurs consœurs moins diplômées. En effet, comme le rappellent les chercheurs, « on aurait pu craindre une montée du célibat, (comme on l’a observé en Allemagne ou en France avec les femmes plus diplômées). Mais globalement les couples ont tendance à très bien s’adapter à ces changements », soulignent-ils.
Une étude de l’Ined parue en janvier 2011 révélait néanmoins des chiffres inquiétants, montrant que les Françaises les plus diplômées sont celles qui ont le plus de difficultés à vivre en couple. Ainsi à 20 ans, 20% des femmes sans diplôme vivent en couple contre 5% de celles qui ont au moins le bac. À 25 ans, 28% des femmes qui ont plus que le bac vivent seules, contre 8% des femmes non diplômées. Des inégalités qui perdurent : passé 45 ans, les femmes qui n’ont pas le bac sont encore celles qui ont le plus souvent un conjoint. Reste qu’en février 2012, un article de Stephanie Coontz dans le New York Times abordait la question, assurant que « pour une femme qui cherche à concilier vie personnelle satisfaisante et sécurité économique, il n’y a jamais eu d’époque plus favorable pour faire de hautes études ». « Vers 30 ans, une femme qui a fait des études supérieures a beaucoup plus de chances d’être mariée que dans n’importe quel autre groupe social. Dans presque 30% des couples, la femme a fait plus d’études que son mari, contre 20% où l’homme est toujours le plus diplômé. La situation s’est inversée depuis les années 70 », assure également l’auteure.
Selon l’enquête menée par le Centre d’études démographiques de Barcelone, le développement de l’accès aux universités dans de nombreux nouveaux pays va également entraîner des bouleversements sur le long terme. Ainsi en Chine, on comptera d’ici 2050 140 femmes diplômées pour 100 hommes diplômés. Reste à voir, comme s’interroge l’étude, « si ces changements déboucheront sur plus d’égalité entre hommes et femmes dans d’autres aspects de leurs vies, tels que les tâches ménagères ».
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