213 000 euros de dommages et intérêts confirmés en appel pour Marie-Élise Ferrero-Pesenti, une des « filles Distilbène », qui souffre d’un cancer très rare, et sa famille. La Cour d’appel de Paris a jugé que la forme de son cancer, un adénocarcinome à cellules claires (ACC) détecté à 21 ans, est une conséquence directe et spécifique de l’absorption in utero du Distilbène, ou diéthylstilbestrol (DES), cette « pilule miracle contre les avortements » prescrite majoritairement dans les années 1960 et 1970 avant son interdiction en France en 1977. Ce sont UCB Pharma et Novartis qui devront régler à part égale la somme répartie comme suit : 188 000 euros pour la plaignante, 12 000 pour son mari, 9 000 pour sa mère et 4 000 pour son père.
En revanche, la plainte de Sophie, la seconde victime, a été déboutée. Stérile, elle n’a pas pu prouver que le Distilbène était à l’origine de son problème d’infertilité, puisqu’elle n’a pas retrouvé les ordonnances de sa mère où étaient notées les prescriptions de l’œstrogène de synthèse. Son avocate, Me Martine Verdier, s’indigne de la décision rendue : « Dans ce jugement, le doute profite aux labos. Les rapports médicaux évoquent des symptômes post-DES, sa mère affirme qu'elle a pris ce médicament, mais la Cour se montre frileuse ». Elle ne sait pas encore si sa cliente décidera d’un pourvoi en cassation.
Les nombreuses études sur le sujet font état de 160 000 bébés exposés in utero, sur lesquels les séquelles sont diverses : grossesses extra-utérines, fausses-couches, problèmes d’infertilité, malformations génitales... Des tests ont même prouvé que la troisième génération, soit les petits-enfants des femmes « soignées » au Distilbène, présentaient des pathologies dues au DES. Depuis 25 ans, les victimes attendent que la justice punisse les responsables, en accordant des dommages et intérêts sans que soit imposée la justification des ordonnances. Une décision qui n’a toujours pas été rendue.
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