Faut-il soumettre Donald Trump à un examen psychiatrique ? C'est la proposition que faisait en août dernier la représentante démocrate au congrès Karen Bass après que le candidat républicain – pas encore élu président des États-Unis – multipliait les déclarations chocs pour satisfaire ses électeurs les plus extrémistes.
Six mois plus tard, la question se pose toujours. Alors qu'en dix jours, Donald Trump a signé plus de décrets controversés que Barack Obama en deux mandats (citons pèle-mêle : le décret restreignant le droit à l'avortement, le "Muslim ban", celui relançant la construction de deux pipelines, celui ordonnant la construction d'un mur à la frontière mexicaine ou encore celui qui détricote l'Obamacare), de nombreux experts en psychiatrie s'accordent à dire que la personnalité du nouveau président est incompatible avec ses fonctions.
Considéré comme extraverti, mais aussi impulsif, colérique, agressif et névrotique, Donald Trump présente, selon plusieurs psychiatres, tous les traits de personnalité du pervers narcissique. "Le narcissisme altère la capacité à voir la réalité de telle sorte qu'utiliser la logique pour convaincre la personne qui en souffre ne sert strictement à rien", explique le Dr Julie Futrell, psychologue clinicienne au New York Daily News.
Selon les critères établis par l'Association américaine de psychiatrie dans son manuel clinique DSM (Diagnostic and statistical manual of mental disorders), la personnalité narcissique se distingue en effet par un sens exacerbé de sa propre grandiosité, une exagération de ses réalisations, des fantasmes de succès illimité, un besoin incontrôlé d'être admiré, une propension à exploiter les autres et une incapacité à s'identifier aux besoins des autres. Bref, l'exacte personnalité de Donald Trump.
Signe de son incapacité à se voir tel qu'il est, Donald Trump a défendu son comportement et sa personnalité lors d'un meeting à Colorado Springs. "Je pense avoir le meilleur tempérament ou certainement l'un des meilleurs tempéraments s'étant jamais assis au bureau présidentiel. Jamais", avait-il déclaré devant une foule de supporteurs. Autre preuve de sa personnalité psychotique, selon US News : son incapacité à reconnaître que sa cérémonie d'investiture a rassemblé moins d'Américains que celles de son prédécesseur Barack Obama. Alors que les chiffres délivrés par la ville de Washington D.C., ainsi que les photos parues dans les médias, parlent d'elles-mêmes, Donald Trump et son administration ont soutenu mordicus que "des millions de personnes" avaient assisté à l'événement. Ils ont au passage inventé la notion de "faits alternatifs" pour qualifier leurs mensonges.
Mais cette incapacité à accepter la vérité nuit-elle pour autant aux capacités de gouverner de Donald Trump ? Pour les experts en psychiatrie, cela ne fait aucun doute. The Independent rapporte qu'en décembre dernier, trois éminents professeurs en psychiatrie ont écrit à Barack Obama pour exprimer leurs graves inquiétudes quant à la stabilité mentale de Donald Trump. "Ses symptômes largement rapportés d'instabilité mentale - y compris la grandiosité, l'impulsivité, l'hypersensibilité aux affronts ou des critiques, et une apparente incapacité à distinguer le fantasme de la réalité - nous conduisent à remettre en question son aptitude à répondre aux immenses responsabilités que lui incombent sa fonction", écrivaient notamment des professeurs de l'école de médecine de Harvard et de l'Université de Californie à l'ancien président. Ils lui demandaient aussi d'ordonner "une évaluation médicale et neuropsychiatrique complète".
Une analyse que partage John D. Gartner, un psychothérapeute ayant enseigné à l'Université John Hopkins. Cité par US News, il ne mâche pas ses mots sur le président américain. "Donald Trump est mentalement malade, ce qui le rend dangereux et incapable d'être président", affirme-t-il, avant d'ajouter que le trouble de la personnalité narcissique est incurable.
S'il reconnaît ne pas avoir personnellement examiné Trump, John D. Gartner explique qu'il est évident que son comportement répond aux critères généralement diagnostiqués pour ce trouble. Parmi ceux-ci, un comportement anti-social, le sadisme, l'agressivité, la paranoïa et la mégalomanie. Le trouble de la personnalité dont souffre Donald Trump (comprenant notamment l'hypomanie, caractérisée par une hyper-compétitivité et une hyper-productivité) s'accompagne d'un manque de contrôle de ses pulsions et d'empathie. Un cocktail redoutable, quand on sait que Donald Trump est désormais l'homme le plus puissant du monde libre et qu'il a accès à l'arme nucléaire.
Reste désormais à savoir si ces troubles conduiront prochainement à sa destitution. Et si d'ici là, il n'aura pas conduit les États-Unis et le monde à leur perte.