Les associations SOS Homophobie, Sidaction et le Planning familial souhaitant attaquer en justice l'Etat français. Pourquoi ? Afin de le contraindre à organiser au moins trois séances annuelles d'éducation à la sexualité au sein des écoles. Une mesure que les associations jugent encore non-respectée, et ce alors que la loi française oblige pourtant le maintien desdits cours d'éducation sexuelle depuis 2001.
"Depuis plus de 20 ans, cette loi n'est pas appliquée. On veut que le gouvernement passe à l'action et on réclame sa mise en application tout au long de la vie scolaire. Aujourd'hui, on veut arrêter de crier au loup. L'État est frileux, c'est le moins qu'on puisse dire. On parle quand même d'une loi qui a 22 ans", dénonce auprès de franceinfo la directrice générale de l'association Sidaction, Florence Thune.
Mais pourquoi est-ce si important ?
L'éducation à la sexualité est une instruction aussi primordiale pour la santé des uns et des autres qu'indispensable pour qui se soucie d'égalité des sexes. Lors de la dernière rentrée scolaire, le Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes nous alertait à ce propos quant à la montée des violences sexistes et sexuelles chez les jeunes : la culture du viol serait même prégnante parmi ces derniers.
"Culture du viol", ca veut dire quoi ? Que la notion de consentement est incomprise. Qu'un "non" est encore pris pour un "oui" dans la cour de récré. Que les réflexions sexistes sont banalisées - sur la tenue et le physique notamment. Et qu'elles peuvent prendre la forme de harcèlement sexuel, et ce dès le plus jeune âge.
Selon le HCE, un jeune sur quatre déclare avoir déjà eu "des rapports sexuels non consentis". Plus d'une jeune fille sur deux aurait déjà vécu "un acte ou un propos sexiste" à l'école et subi des remarques "sur son physique ou sa tenue". Près d'un jeune sur cinq considère également qu'un homme qui insiste pour avoir un rapport sexuel n'est "pas du tout sexiste". Pour toutes ces raisons, l'éducation à la sexualité est indispensable.
"C'est important de commencer cette instruction dès l'école primaire. Parler dès le collège et le lycée des questions de consentement, des infections sexuellement transmissibles, de la contraception. Il y a énormément de thèmes abordés dans l'éducation à la sexualité : la relation aux autres, le respect, l'égalité entre filles et garçons, la prévention des violences sexuelles", développe en ce sens Florence Thune.
"L'absence de l'éducation à la sexualité favorise le sexisme, qui est l'antichambre des violences. Cette éducation doit s'assurer en s'appuyant sur le travail et les outils développés par les associations. En l'absence d'une éducation ambitieuse, adaptée et régulière, les comportements problématiques se perpétuent", prévient Sylvie Pierre-Brossolette, présidente du Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes. CQFD ?