"Emilia Perez" va représenter la France aux Oscars, mais la haine anti-transgenres règne aux Etats-Unis (surtout envers les femmes trans racisées)

Et si c'était la future fierté hexagonale ?

C'est dit, "Emilia Perez" sera le grand représentant de la France aux Oscars. Beau destin que celui de cet ovni à découvrir en salles en cette rentrée, fable sur la transidentité croisée au film de gangsters et à la comédie musicale, où portraits de femmes à la Pedro Almodovar s'additionnent sous nos yeux à de minutieuses chorégraphies entre deux éclats pétaradants. L'histoire d'un chef de gang impitoyable et hyper viril qui veut devenir... Emilia Perez.  L'embauche d'une avocate déterminée va achever son processus de transition...

Nommée pour la catégorie du Meilleur film international de la future cérémonie des Oscars, l'oeuvre de Jacques Audiard a déjà pu triompher où Cannes, où son actrice principale, la grande Karla Sofia Gascon, est ressortie avec un prestigieux Prix d'interprétation. Tout comme ses consœurs Zoe Saldaña, Selena Gomez et Adriana Paz... Mérité pour ce qui restera, comme l'écrit le magazine des cultures LGBTQ Têtu, "un incontournable de l'été". 

Aujourd'hui, Emilia Perez va donc représenter la France. Pays où le nombre de violences commises à l'encontre des personnes trans aurait augmenté de 27 % en un an - selon une étude de SOS Homophobie, relayant les témoignages de 1 506 personnes. Oui mais voilà, aux Etats-Unis, ce n'est pas vraiment mieux ! On raconte...

La cause des personnes trans est primordiale au sein du mouvement LGBTQ, mais aux Etats-Unis, elle s'exprime face à des discriminations, une stigmatisation... 

L'an dernier, dans l'Etat du Kentucky, était adoptée une loi hyper-répressive envers les droits des personnes trans, visant à interdire aux personnes âgées de moins de dix huit ans l'accès aux soins permettant d'effectuer convenablement leur transition. C'est l'exact inverse de la "Ley Trans" en Espagne, qui a contrario cherche à prendre en considération les personnes trans à travers l'accompagnement médical nécessaire.

Si les chiffres ont un doux air d'euphémisme, il faut savoir que la chaîne ABC l'an dernier relatait l'assassinat d'au moins vingt-six personnes transgenres aux Etats-Unis. 

"Les militants LGBTQ ont tiré la sonnette d'alarme sur la montée des violences anti-trans et basées sur le genre ces dernières années, et l'organisation de défense des droits LGBTQ Human Rights Campaign a déclaré l'état d'urgence national pour les personnes LGBTQ aux États-Unis", observait le journal, précisant : "Le nombre réel des victimes est probablement encore plus élevé, la majorité des personnes ciblées étant des femmes transgenres noires". 

Cela rend un film comme Emilia Perez, qui met en scène une personne transgenre racisée, d'autant plus politique.

"Si les responsables de la sécurité intérieure ont déclaré avoir constaté une augmentation des attaques et des menaces contre les personnes LGBTQ, y compris dans les écoles, les hôpitaux et des bibliothèques qui soutenaient des événements LGBTQ, plus de 500 projets de loi anti-LGBTQ ont été présentées aux législatures des États à travers le pays cette année, nombre d'entre elles ciblant la communauté transgenre", déplore ABC, nous rappelant également qu'en 2022, les attaques anti-LGBTQ représentaient 21 % des crimes haineux dans toute la nation. 

Il y a trois ans déjà, le TIME définissait l'année 2021 comme la plus meurtrière jamais enregistrée aux États-Unis pour les personnes transgenres. Au moins 50 personnes trans ont été tuées cette année-là. Le nombre de décès le plus élevé depuis 2013 selon la Human Rights Campaign (HRC). Ces violence s sont multiples : agressions physiques, harcèlement, agressions sexuelles, mais aussi "mégenrage", le fait de "mégenrer" une personne, autrement dit, par exemple, de la désigner comme un homme lorsqu'elle est une femme transgenre, et donc une femme.

Dans les reportages abordant ce fléau de violences, on parle carrément "d'épidémie de violence contre la communauté trans". Des personnalités outre atlantique s'exercent justement à sensibiliser, mais trouvent pour réponse une vague de haine en ligne. On pense naturellement à Elliot Page, star de The Umbrella Academy, Juno, Inception, Super, qui depuis son coming out est la cible d'attaques haineuses.