On vous le disait récemment encore : ce qui se passe en Afghanistan depuis le 15 août 2021, autrement dit le retour des Talibans au pouvoir, est comme l'assène l'ONG Human Rights Watch (HRW) "la pire crise des droits des femmes au monde". Et trois ans plus tard, ce n'est pas prêt de s'améliorer.
Effectivement, une toute nouvelle loi promulguée par le ministère de la justice vient imposer dans le texte de nouvelles restrictions aux Afghanes, comme le détaille ELLE. Parmi ces interdictions, s'ajoutant à d'innombrables formes de répression déjà observées ? Interdiction de lire en public, de se déplacer seules, ou encore... De chanter. Oui.
Cela atteint un degré d'absurdité tel que l'on pourrait en rester sans voix. Mais cela n'empêche toujours pas les organisations et défenseurs des droits humains de réagir, haut et fort.
A la tête de la Mission d'assistance des Nations Unies en Afghanistan, Roza Otunbayeva ne laisse guère peser d'ambiguïté sur la situation actuelle : "Il s'agit d'une vision inquiétante de l'avenir de l'Afghanistan, où les inspecteurs des mœurs ont des pouvoirs discrétionnaires pour menacer et arrêter quiconque sur la base de listes d'infractions larges et parfois vagues..."
"La loi étend les restrictions déjà intolérables aux droits des femmes et des filles afghanes, le seul son d'une voix féminine à l'extérieur du foyer étant apparemment considéré comme une violation morale"
Une menace pour les droits des femmes, et les droits humains...
Fermeture de médias féminins, mariages forcés, tutorat imposé, port du burka exigé, exclusion du champ des études supérieures, des rôles politiques et de la plupart des postes de la fonction publique... On pourrait poursuivre longtemps cette énumération de restrictions dont souffrent les filles et les femmes afghanes.
"Les talibans font non seulement reculer des décennies d'avancées difficiles en matière d'égalité de genre, mais freinent également les maigres perspectives de prospérité du pays", déplore ONU Femmes France depuis plus d'un an déjà. A juste titre.
Et ce ne sont pas les 35 articles constituant la toute nouvelle législation votée le week end dernier qui va arranger les choses.
Articles dont le non-respect est naturellement synonyme de sanctions, allant de l'amende à la "détentions à durée variable". Dans un pays où les conditions de détention sont critiquées au même titre que la ségrégation sur les lieux de travail et l'accès à l'éducation pour tous.
"Les femmes sont bannies de la vie publique, empêchées d'accéder à l'éducation, visées par des interdictions de travailler et de se déplacer librement, emprisonnées, soumises à des disparitions et torturées", dénonce à ce titre Agnès Callamard, secrétaire générale d'Amnesty International. "Aujourd'hui les talibans interdisent également aux femmes afghanes de chanter, de réciter de la poésie et même de lire à voix haute en public", observe à l'unisson ELLE.
Interdiction de réciter de la poésie à voix haute ?
Pour rappel, des poètes talibans se sont produits le 17 avril 2024 dans une grande salle de spectacle au sein du pays. Comme pour se réapproprier définitivement une forme d'expression qui parmi tant d'autres se voit désormais interdite aux femmes.