Il y a quelques jours, Giorgia Meloni, présidente du parti Fratelli d'Italia, annonçait sa volonté d'être candidate de la droite aux prochaines élections municipales de Rome. Entrant ainsi en concurrence avec le favori et seul candidat en lice jusqu'à présent : Guido Bertolaso, ancien secrétaire d'Etat et membre de Forza Italia. Une décision qui n'a pas été appréciée par plusieurs militants de droite dont Guido Bertolaso lui-même. En effet, selon lui, Giorgia Meloni, 39 ans, ne pourrait pas briguer la mairie de Rome pour la simple et bonne raison qu'elle est.... enceinte.
Invité la semaine dernière à la radio, ce dernier s'est ainsi exprimé sur la candidature de sa rivale, indiquant qu'il estimait le moment mal choisi et que selon lui, il était impossible pour la candidate de se consacrer pleinement à la campagne et à la gestion de la ville alors que ce sera "au moment où elle doit allaiter". Guido Bertolaso s'est ainsi justifié : "Personne ne peut me taxer de misogynie. J'ai juste fait une remarque affectueuse et protectrice à l'égard d'une femme soumise à un grand stress (...) cela me semble une tempête dans un verre d'eau". Des propos soutenus par Silvio Berlusconi, président de Forza Italia : "Une maman ne peut pas se dédier à un travail de brute et Rome aujourd'hui est un travail de brute, qui nécessite de passer 14 heures par jour au bureau."
Des déclarations sexistes qui, non seulement partent du principe que le rôle d'une femme se réduirait à celui d'une mère au foyer, mais questionnent également sur les qualités qu'un maire devrait avoir. La politique serait-elle une affaire de sexe ? Pourtant, Giorgia Meloni est loin d'être novice en la matière. Engagée dans les mouvements étudiants de droite depuis son adolescence, elle a été élue députée du Latium en 2006, avant d'être réélue en avril 2008 et d'être nommée ministre de la Politique de la Jeunesse alors qu'elle n'avait que 32 ans - ce qui en fait la plus jeune ministre italienne.
Bien décidée à mener de front sa grossesse et sa candidature, Giorgia Melani a tenu à réagir : "Je ne veux pas polémiquer, je dis seulement avec politesse et orgueil à Bertolaso que j'espère être une très bonne mère, comme le sont toutes ces femmes qui avec mille difficultés et souvent dans des conditions plus difficiles réussissent à concilier engagements professionnels et maternité".
Si les remarques sexistes pullulent depuis cette annonce, l'intéressée a toutefois reçu le soutien sur les réseaux sociaux de nombreuses personnalités aussi bien féminines que masculines de tous bords politiques.
"Si tous ces hommes changeaient plus de couches au lieu de donner des conseils aux femmes, on vivrait dans un plus beau pays", s'est désolé Giachetti.
"Quand demanderont-ils à un candidat homme de se retirer parce qu'il doit être père ?", a également raillé sur Twitter Maria Elena Boschi, ministre des Réformes institutionnelles.
Une (fausse) polémique qui pointe du doigt un réel problème : pourquoi est-ce encore trop souvent aux femmes de choisir entre vie privée et vie pro lors de l'arrivée d'un bébé ?