Construire sa carrière professionnelle, gravir peu à peu les échelons hiérarchiques tout en s'épanouissant dans sa vie personnelle : les travailleurs y auraient de plus en plus de mal. C'est ce qu'affirme une étude du cabinet d'audit financier Ernst & Young, parue mardi 5 mai.
Réalisée auprès près de 10 000 salariés âgés de 18 à 67 ans et résidant dans huit pays différents, elle avait pour but de savoir pourquoi les travailleurs quittent leur emploi et quelles sont les aspirations professionnelles des trois générations qui se côtoient sur le monde du travail : les baby-boomers (nés entre 1945 et 1961), les salariés de la génération X (nés entre 1962 et 1976) et enfin les " millenials " : les jeunes de la génération Y, qui sont nés entre 1977 et 1989.
Pourtant, ce que l'étude met surtout en lumière, c'est le nombre croissant de difficultés rencontrées depuis cinq ans par les travailleurs qui cherchent tant bien que mal à maintenir un équilibre entre vie leur vie professionnelle et leur vie privée.
C'est notamment le cas des salariés issus de la génération Y, qui reviennent au cours de l'enquête sur le trop grand nombre d'heures passées sur leur lieu de travail. 48% des répondants affirment ainsi assumer de plus en plus de responsabilités au boulot, et donc de faire régulièrement des horaires à rallonge.
Cependant, ce nombre accru d'heures de travail ne signifie pas pour autant augmentation de salaire. C'est d'ailleurs là le problème : 49% des sondés attestent que leurs dépenses ont augmenté ces dernières années, mais pas leur rémunération. L'absence d'augmentation et la faible croissance du salaire minimum sont d'ailleurs les principales raisons pour lesquelles les salariés quittent aujourd'hui leur emploi.
Il s'avère pourtant que le faible salaire compte moins pour les salariés que la possibilité de travailler de chez eux ou d'aménager leurs horaires de travail pour pouvoir passer du temps en famille.
Autrefois rare dans les entreprises, la flexibilité semble désormais déterminante pour les salariés, qui y voient un gage d'épanouissement professionnel. Un répondant à l'enquête sur 6 a ainsi affirmé devoir subir quotidiennement les conséquences négatives d'horaires fixes. Ce manque de flexibilité est d'ailleurs cité comme principale raison pour lesquelles les sondés seraient prêts à quitter leur emploi. Et près de 40% des jeunes travailleurs, hommes ou femmes, vivant aux États-Unis, sont si mécontents de l'absence de politique de congé parental qu'ils se disent prêts à partir vivre dans un autre pays.
À l'heure où les salariés de la génération Y commencent à leur tour à découvrir les joies d'être parents, beaucoup sont ceux qui considèrent la possibilité de choisir leurs horaires comme une condition indispensable de travail. Pour 79% d'entre eux, cette flexibilité des horaires contribuerait même à leur bien-être au travail. 69% des salariés issus de la génération Y ont d'ailleurs déclaré qu'ils prêts à recommander une entreprise qui offre à ses employés un aménagement de leurs horaires et 80% des répondants ont affirmé qu'ils seraient prêts à travailler davantage s'ils pouvaient bénéficier d'une flexibilité accrue.
"Plus de flexibilité et l'équilibre entre vie privée et vie professionnelle sont désormais les premières requêtes émises par les candidats que nous recevons", explique au Washington Post la directrice du cabinet de recrutement TorchLight Heidi Parsont. "C'est la raison numéro une pour laquelle les gens sont à la recherche d'un nouvel emploi, et de loin. Nous allons certainement avoir de plus en plus de candidats qui vont réclamer plus de flexibilité. Mais les entreprises la voient encore et toujours comme une exception, et pas comme la norme."