Voilà une nouvelle qui pourrait changer la vie de millions de femmes. En effet, chercheur·ses espagnol·es de l'université Pompeu Fabra de Barcelone, en collaboration avec le service gynécologique de l'hôpital de Barcelone, ont découvert que le cannabis thérapeutique pouvait atténuer les douleurs liées à l'endométriose.
Cette maladie encore trop méconnue touche une femme sur dix. Particulièrement handicapante, l'endométriose se manifeste pendant les règles, lorsque l'endomètre (la paroi interne de l'utérus) se désagrège. L'endométriose cause la migration de ces cellules hors de l'utérus et celles-ci peuvent atteindre des organes comme la vessie, le côlon, les intestins et parfois l'appareil pulmonaire. Les douleurs pelviennes, nausées, règles douloureuses, intolérances alimentaires, troubles digestifs ou encore incontinence anale qui peuvent en découler sont particulièrement invalidantes pour les femmes qui en souffrent. L'endométriose représente également la première cause d'infertilité féminine. La découverte des médecins espagnol·es pourrait donc se révéler capitale pour les malades.
Comme le précise l'AFP, les chercheur·ses ont testé l'efficacité du cannabinoïde (CBD) et le tétrahydrocannabinol (THC), les deux principes actifs du cannabis, sur les symptômes liés à l'endométriose lors d'un essai réalisé sur des souris. Des implants de tissu endométrial développé hors de l'utérus ont été insérés au niveau de la partie inférieure du corps du rongeur afin de reproduire des effets similaires à ceux de l'endométriose chez les femmes.
Les souris ont été traitées à base de doses quotidiennes de 2mg/kg de THC pendant 28 jours. Le traitement a soulagé quasi instantanément les douleurs de l'endométriose au niveau de l'abdomen. Autre découverte : les effets du THC sur l'endomètre à l'intérieur et à l'extérieur de l'utérus. Les médecins ont ainsi pu constater que les souris traitées au THC pendant 32 jours présentaient des croissances plus faibles de tissu endométrial.
"Bien que le cannabis s'accompagne d'un grand nombre d'effets secondaires potentiels, ses propriétés médicinales pourraient contribuer à soulager la douleur en cas d'endométriose et d'autres affections", explique Rafael Maldonado, professeur à l'université Pompeu Fabra de Barcelone et co-auteur de l'étude publiée dans la revue scientifique eLife.
"Nos résultats montrent que le THC limite le développement et les symptômes de l'endométriose dans un modèle expérimental et soulignent l'intérêt de mener d'autres recherches pour assurer la sécurité et les effets bénéfiques de ce traitement chez les femmes atteintes d'endométriose", souligne la chercheuse Alejandra Escudero-Lara, doctorante à l'Université Pompeu Fabra de Barcelone.
Il n'existe à l'heure actuelle aucun traitement pour soigner et soulager l'endométriose. Si de nombreuses voix s'élèvent pour une meilleure prise en compte de la maladie (la chanteuse Lorie en a fait l'un de ses combats), les femmes atteintes se tournent bien souvent vers des méthodes d'auto-médication ou adoptent un traitement hormonal pour atténuer les douleurs. L'Assemblée nationale ayant voté en fin d'année l'expérimentation de l'usage du cannabis thérapeutique à partir du premier semestre 2020, la France pourrait-elle tester ce traitement pour les malades de l'endométriose si les recherches complémentaires validaient cette découverte ?