Dimanche 5 décembre, alors qu'Eric Zemmour prenait la parole devant ses partisan·e·s au zénith de Villepinte (93), une quinzaine de militant·e·s antiracistes se sont levé·e·s du fond de la salle pour scander "Non au racisme". Suite à cette action pacifique, elles et ils ont été agressé·e·s par des partisans du candidat, notamment des membres d'un groupuscule néo-nazi.
Parmi ces militants se trouvait Dora, à SOS Racisme depuis cinq ans. Elle a été la cible de coups de poing au visage (voir vidéo ci-dessous). Pour le journal Libération, elle est revenue sur cette agression violente. "Nous étions pacifiques. On s'attendait à se faire huer énormément, voire un peu molester, ou à se faire sortir de façon musclée par la sécurité. Mais on ne s'attendait pas à ce que des mecs se jettent sur nous avec cette violence... J'ai cru qu'un de mes amis allait y passer", témoigne-t-elle.
Dora poursuit : "Plusieurs de mes amis sont par terre. Des gens leur tapent dessus. Je suis affolée. Je me protège sans voir ce qu'il se passe. Dans la cohue, je ne me rends pas compte que quelqu'un me vise personnellement. Quand la personne arrête de me frapper, je reprends mes esprits. Je cherche mes amis. L'un d'eux est en train de se faire frapper, j'essaye de l'empêcher. Après ça, je ressens les coups. Une personne me tire, me frappe et je tombe", poursuit-elle.
Un récit d'une rare violence.
"J'ai pu me protéger. Je ne suis pas trop abîmée. Un homme me sort de cet endroit où c'est le plus dangereux. J'essaie alors de retrouver mes amis. Je vois l'un d'eux, traîné par deux gros bras. Je le suis, et derrière nous, on entend des trucs hyper haineux... On a l'impression qu'on va mourir. Je réussis à me faufiler à l'extérieur. La sécurité emmène mon collègue aux CRS", développe la militante de SOS Racisme au journal Libération.
"J'essaie d'appeler une ambulance. En attendant, d'autres amis nous rejoignent, dont l'une qui est en sang. Je suis complètement paniquée. On ne sait pas quoi faire. Le temps qu'on retrouve tout le monde, le meeting se termine. Un flot de militants de Zemmour sort. On a peur de se refaire attaquer. On n'a pas osé prendre le RER, on a attendu que ça se vide encore...".
"On ne s'attendait pas à cette violence qui s'est déchaînée. Il y avait tellement de caméras... Mais, de façon décomplexée, des gens nous ont cassé la gueule en direct, sans problème, comme s'ils avaient tous les droits", conclut la militante.
Dora affirme sa volonté de porter plainte, en son nom, et au nom de SOS Racisme.