L'adoption d'une nouvelle loi par le gouvernement espagnol a déclenché de vives réactions dans le camp anti-IVG. Et particulièrement, le soutien que lui apporte le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez. En cause, la façon dont le texte entend faciliter l'accès des hôpitaux publics à toutes les femmes qui voudraient avoir recours à la procédure, ainsi qu'aux mineures de plus de 16 ans.
Mais ce n'est pas tout : la proposition souhaite également pénaliser les manifestations anti-avortement devant les cliniques qui le pratiquent, mettant un mot ferme et légitime sur ce type d'intervention, qu'elle qualifie de "harcèlement".
Ce dimanche 27 mars, dans les rues de Madrid, on pouvait lire des pancartes et des banderoles qu'on aurait aimé appartenir au passé : "L'avortement n'est pas un droit", scandait l'une, "respectons davantage la vie !", ordonnait une autre.
Parmi le cortège, les clichés anti-IVG allaient bon train : "Il y a d'autres options", lançait une manifestante de 44 ans venue avec sa fille à l'AFP. "Après un avortement, il y a toujours un traumatisme, mais de cela on n'en parle pas".
"Toujours" ? certainement pas, et quand bien même, qu'en est-il du traumatisme d'une grossesse non-désirée menée à terme ?
Des arguments que balayent sans aucun doute la plateforme "Oui à la vie", à l'origine de la mobilisation. Selon ses chiffres, 20 000 personnes seraient descendues dans la rue (les autorités ont seulement comptabilisé 9 000 participant·es). Un nombre qui reste colossal quand il s'agit de contester le droit des femmes à disposer de leur corps.
Dépénalisé en 1985, l'avortement ne devient autorisé dans le pays européen que pour ces trois situations : un viol, un "risque grave" pour la femme et une malformation foetale. Il faudra attendre 2010 pour que l'interruption volontaire de grossesse y soit légalisée jusqu'à la 14e semaine, sans avoir à fournir de justificatif médical.
Une avancée réelle qui est de nouveau menacée 5 ans plus tard par le gouvernement de droite au pouvoir, lequel souhaite "revenir à la loi de 1985", précise l'AFP. Grâce aux militantes féministes, ce projet n'aboutira pas, mais les mineures de plus de 16 ans devront tout de même obtenir l'accord de leurs parents pour y avoir accès. Une obligation dont l'actuel gouvernement Sanchez veut justement se défaire.