Comme tous les ans, le concours de chant européen a rassemblé les artistes en quête de gloire et les fans venu·es des quatre coins du continent. Après des heures d'un show kitschissime comme on les aime, c'est un verdict éminemment symbolique (et politique) qui est tombé : l'Ukraine a remporté le titre pour son morceau Stefania, interprété par le groupe Kalush Orchestra.
Au lendemain de leur victoire, les gagnants ont diffusé le clip, tourné dans les villes ravagées par l'armée russe aux abords de Kyiv. "Nous l'avons tourné à Boutcha, Irpin, Gostomel et Borodianka", explique Kalush Orchestra sur son compte Instagram. "C'est une blessure profonde et douloureuse".
Pourtant, les paroles avaient été composées avant l'invasion du pays par les troupes de Vladimir Poutine. "J'ai un jour dédié cette chanson à ma mère, et lorsque la guerre a éclaté, la chanson a pris de nouvelles significations", décrit le rappeur et leader du groupe Oleh Psiouk sur la page Youtube de la vidéo, qui met en scène des femmes de l'armée ukrainienne au milieu des ruines.
Pour le président ukrainien Volodymyr Zelensky, la symbolique est révélatrice. "Notre courage impressionne le monde, notre musique conquiert l'Europe !", a-t-il lancé devant les résultats. "L'année prochaine, l'Ukraine accueillera l'Eurovision. Ce sera la troisième fois de l'histoire, et j'espère, pas la dernière".
Autre symbole important : celui des Islandaises. L'une des membres du groupe Systur, qui s'était qualifié pour la finale, a expliqué toujours porter le drapeau trans autour de son cou car son fils est transgenre, et qu'elle souhaite sensibiliser les parents à davantage d'ouverture d'esprit et d'amour inconditionnel.
"Je n'avais pas réalisé avant qu'il ne fasse son coming out à quel point beaucoup de gens sont étroits d'esprit", a-t-elle confié lors d'une conférence de presse. "Nous avons décidé d'aller de l'avant en diffusant ce message aux parents. Certaines personnes sont simplement ignorantes à ce sujet. Mais nous ne voulons pas les juger, nous voulons juste répandre l'amour et demander aux parents d'aimer leurs enfants sans condition et de les laisser libres d'exprimer le genre qu'ils ressentent le besoin d'exprimer."
Un message touchant, militant et particulièrement nécessaire.
Pour ce qui est de la France, malgré la portée féministe de Fulenn, interprété en breton par le groupe Alvan et Ahez, la performance ne semble pas avoir conquis le public. Le quatuor s'est retrouvé en avant-dernière place avec seulement 17 points. Mais l'essentiel était ailleurs.