Autour de Kyiv, alors que les forces russes se retirent petit à petit, les civil·es ukrainien·nes racontent l'enfer des dernières semaines aux mains des soldats de Vladimir Poutine. A Boutcha, notamment, qualifié de véritable massacre par le gouvernement, le peuple énumère les exécutions sommaires, les actes de torture, les viols en réunion ou devant des enfants de leur mère, rapporte le Guardian.
Des crimes abominables dont les preuves émergent de toute part. Et sur tout le territoire, la peur grandit d'une amplification de ces violences sexuelles.
"Nous avons reçu plusieurs appels à notre ligne d'urgence de femmes et de jeunes filles qui cherchaient de l'aide, mais dans la plupart des cas, il a été impossible de les aider physiquement. Nous n'avons pas pu les atteindre à cause des combats", déplore auprès du média britannique Kateryna Cherepakha, présidente de La Strada Ukraine, une organisation caritative qui soutient les survivant·es de trafic humain, de violence conjugales et d'agressions sexuelles.
Elle poursuit : "Le viol est un crime peu signalé et un sujet stigmatisé, même en temps de paix. Je crains que ce que nous apprenons ne soit que la partie émergée de l'iceberg."
Suite à ces rapports glaçants, le procureur général d'Ukraine et la Cour pénale internationale ont affirmé que des enquêtes seraient ouvertes. "Mais ce qui semble actuellement être une possibilité lointaine de justice n'a guère contribué à apaiser les craintes des Ukrainiennes quant à ce qui pourrait encore se produire dans une guerre qui est loin d'être terminée", note encore le Guardian. Et le viol comme arme de guerre incarne une menace de plus en plus réelle, qui ne connait pas de camp.
À Vinnytsia, une ville de l'ouest du pays, une enseignante a ainsi porté plainte en accusant un membre des services de défense territoriale ukrainienne de l'avoir traînée dans la bibliothèque de l'école pour tenter de la violer. L'homme a depuis été arrêté.
Au-delà des répercussions physiques de ces actes, il y a également les conséquences psychologiques traumatisantes, qui s'installent chez les victimes sur des années. "Lorsqu'une femme s'enfuit, on dirait qu'elle est en sécurité, qu'elle est loin des armes et de l'homme qui l'a violée", constate Sasha Kantser, responsable des affaires extérieures de la section de Lviv de Feminist Workshop, qui a aidé des centaines de femmes et de filles déplacées depuis le début de la guerre. "Mais le traumatisme est une bombe en elle, qui la suit."
Et de conclure, dépassée : "L'ampleur de ce qui se passe actuellement est déchirante."