Ouvrir ses stades aux femmes, oui, mais à certaines conditions. En Iran, 3500 Iraniennes pourront assister ce jeudi 10 octobre à Téhéran au match de qualification pour le Mondial 2022 du pays face au Cambodge.
Cette décision intervient plusieurs semaines après la mort de Sahar Khodayari, une supportrice iranienne qui s'était immolée par le feu après avoir été condamnée à six mois d'emprisonnement pour avoir essayé de pénétrer dans le stade Azadi, dans l'espoir d'assister à un match de football. Un geste de protestation envers la domination masculine sous laquelle sont contraintes de vivre aujourd'hui les Iraniennes.
En Iran, depuis la révolution islamique de 1979, il est formellement interdit aux femmes d'assister aux manifestations sportives publiques. L'argument avancé pour justifier cela ? Les préserver de la "grossièreté masculine". Seules quelques autorisations ponctuelles ont permis ces dernières années à des supportrices d'assister aux matchs et notamment en 2005, lorsqu'une dizaine d'Iraniennes avaient pu profiter de la rencontre Iran-Bahreïn, comme le rappelle Le Monde.
Une situation dénoncée par la FIFA qui, suite à la mort de la jeune Sahar, a menacé le pays de sanctions si les choses ne changeaient pas. Des menaces que semble avoir entendues le pays, en ouvrant son stade ce jeudi 10 octobre à 3 500 spectatrices.
Si progrès il semble y avoir, l'égalité des genres en Iran est pourtant loin d'être une réalité. Y compris dans les stades.
Le stade Azadi, où aura lieu le match, comporte en tout 78 000 places, dont seules 3 500 seront attribuées à des femmes. Celles-ci devront par ailleurs assister au match depuis des tribunes qui leur seront consacrées et ne pourront donc pas profiter de la rencontre en compagnie d'un homme. Enfin, 150 policières seront présentes afin de les surveiller, rapporte l'agence de presse Fars.
Des restrictions qui laissent à penser que le petit geste de l'Iran ne serait qu'un simple coup de com. Philip Luther, directeur de recherche des Amnesty International dénonce ainsi "un coup de pub cynique des autorités pour blanchir leur image suite au scandale suscité par la mort tragique de Sahar Khodayari".
Pour l'ONG, il est essentiel d'aller plus loin et de lever l'ensemble des restrictions imposées aux femmes qui souhaitent assister à un match de football, quel qu'il soit. Dans un communiqué, Amnesty International explique : "Depuis 2018, au moins 40 femmes ont été arrêtées et, pour certaines, poursuivies pour avoir essayé de s'introduire dans un stade. Amnesty International appelle les autorités iraniennes à abandonner dès à présent et de façon inconditionnelle l'ensemble des charges contre ces femmes et à lutter contre ce type de restrictions." Des mots qui, on l'espère, finiront pas être entendus.