L'Organisation mondiale de la santé (OMS) est formelle : une femme enceinte ne devrait pas boire plus de 300 mg de caféine par jour, soit environ trois tasses de café filtre. En 2018, une étude suédoise et norvégienne menée auprès de plus de 50 000 femmes a avancé qu'au-delà de 200 mg, les risques de retard de croissance du foetus augmentaient, et le poids à la naissance en serait négativement impacté.
En 2020, c'est un nouveau rapport publié dans le journal BMJ Evidence-Based Medicine et réalisé par le professeur Jack E. James, chercheur britannique de l'Université de Reykjavik, qui vient contredire les recommandations officielles.
Selon le scientifique, il n'existe pas de niveau "sûr" pour la consommation de caféine pendant la grossesse. "Les conseils actuels ne sont pas conformes au niveau de menace indiqué par la plausibilité biologique du dommage et les preuves empiriques étendues du dommage réel", estime-t-il, rapporte le Guardian, concluant qu'ils devaient être "radicalement révisées".
Le spécialiste a ainsi analysé plus de 1200 études sur les effets du produit sur la grossesse et a trouvé "une confirmation convaincante du risque accru [..] pour au moins cinq issues négatives majeures de la grossesse : fausse-couche, mortinatalité, faible poids à la naissance et/ou petit pour l'âge gestationnel, leucémie aiguë infantile, et surpoids et obésité infantiles".
Jack E. James poursuit, alertant davantage que "les preuves scientifiques cumulées soutiennent que les femmes enceintes et les femmes envisageant une grossesse sont conseillées d'éviter la caféine". Ainsi, huit études sur neuf ont fait état "d'associations significatives" entre le stimulant et les fausses couches. Certaines suggèrent même que la consommation augmente le risque d'un tiers, et d'autres disent que le risque augmente avec chaque tasse de café supplémentaire.
Pour la British Coffee Association (qui possède notamment les géants Costa et Caffè Nero, populaires au Royaume-Uni), les conclusions ne justifient pas (forcément) de directives plus sévères que celles émises par la Sécu britannique. "Les preuves actuelles fournies par la NHS sont basées sur un examen complet de toutes les preuves scientifiques disponibles sur le café et la santé, qui montre que les femmes enceintes devraient limiter leur consommation de caféine à 200 mg par jour ou moins, et à ces niveaux n'augmente pas le risque de complications de la reproduction", explique en ce sens un porte-parole.
"Cette nouvelle étude est une étude d'observation, donc, ce qui est important, elle ne montre aucun lien direct de cause à effet et est également sujette à des facteurs de confusion tels que le tabagisme et des questions alimentaires plus larges, ce qui peut limiter sa capacité à tirer des conclusions claires".
Ce à quoi le professeur James rétorque que "la cause était probablement due aux relations observées entre la quantité de caféine consommée pendant la grossesse et le risque d'issues négatives de la grossesse." Il insiste d'ailleurs sur l'effort investi dans le "contrôle des facteurs de confusion potentiels", précise le Guardian. Des variables telles que la masse corporelle, l'âge, les antécédents de grossesse, la consommation d'alcool et l'exposition aux polluants ont ainsi toutes été prises en compte.
Un bilan édifiant, qui invite à une surveillance assidue de son alimentation (la caféine ne se trouve pas uniquement dans le café, mais aussi dans le thé, le cacao et dans certaines boissons type cola) jusqu'au terme.