À l'été 2012, Sofie Peeters avait été l'une des premières à dénoncer le harcèlement de rue à travers son documentaire « Femme dans la rue ». La jeune Belge avait filmé ses déambulations dans les rues de Bruxelles en caméra cachée ; un parcours rythmé par les insultes, gestes obscènes, commentaires machistes et tentatives de drague sauvage et maladroite des hommes dont elle croisait le chemin. Depuis cette vidéo qui avait suscité une réelle prise de conscience, les initiatives de ce type se sont multipliées. Et pour cause, en novembre 2012, 60% des femmes affirmaient dans un sondage Ifop avoir déjà été victime de moqueries ou d'insultes sexistes.
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Aussi, après « Paye ta shnek » (comprendre « Paye ta chatte » en argot) - le site participatif créé par la graphiste marseillaise Anaïs Bourdet pour permettre aux femmes de raconter leurs pires expérience de drague et de harcèlement de rue -, une nouvelle initiative a récemment vu le jour. Il s'agit du collectif parisien Stop harcèlement de rue, dérivé du mouvement américain Stop Street Harassment. « Le harcèlement de rue empire. Mais comme ce type de dérapage n'est pas apparenté légalement à un délit comme le serait une injure raciale par exemple, on ne peut que travailler sur les mentalités », a déploré Héloïse, doctorante de 31 ans et co-fondatrice du collectif, dans les colonnes du Parisien.
Né le 23 février d'une page Facebook qui a attiré plus de 1 300 membres en deux mois et d'un compte Twitter associé, le mouvement vise à lutter contre ce sexisme ordinaire qui constitue pour beaucoup de femmes un enfer quotidien. Dans un premier temps, Stop harcèlement de rue entend donc faire comprendre aux hommes, à grand renfort de campagnes d'affichage, qu'une mini-jupe n'est pas une invitation à une relation sexuelle ou encore que siffler une femme n'est pas un compliment. Mais cette rééducation n'est qu'une première étape.
En effet, à terme, « l'objectif est de délimiter dans Paris et plus loin si possible des zones sans relous, sans harcèlement de rue et donc sans harcèlement des filles dans les bars, dans les festivals et dans les transports en commun », fait savoir Héloïse. Et d'expliquer : « Le "relou" dans un bar c'est celui dont on évite le regard quand on est au comptoir mais qui vient quand même nous offrir un verre, parfois même sans nous le demander. Les hommes nous considèrent comme de la viande, ils n'en sont pas forcément conscients », poursuit la trentenaire qui espère bientôt pouvoir créer dans la capitale « une carte de zone sans "relou", avec un véritable affichage dans les bars, des dépliants explicatifs et, pourquoi pas, un numéro vert ».