Suite à une enquête de France Bleu Normandie et de la Cellule investigation de Radio France, dans laquelle plusieurs femmes témoignaient du harcèlement que leur avait fait subir le maire du Havre Luc Lemonnier, il a démissionné de toutes ses fonctions.
Luc Lemonnier a succédé à celui qui est aujourd'hui Premier ministre, Édouard Philippe, en mai 2017. Il est accusé d'avoir envoyé de nombreux selfies de lui-même nu, dans des positions suggestives, à quatre femmes au moins.
L'une d'elle, une quadragénaire havraise que l'homme politique connaissait depuis le début des années 2000, leurs enfants fréquentant le même établissement scolaire, aurait reçu quatre photos à caractère pornographiques en 2011. Elle confie à la Cellule investigation de Radio France : "Je n'ai pas compris pourquoi il m'envoyait ces photos dégoûtantes. Il m'a dit qu'il voulait me montrer qu'il était ouvert pour toutes propositions."
Juste avant la publication de l'enquête jeudi 21 mars, Luc Lemonnier a démissionné de ses fonctions. Selon le site de France Inter, Edouard Philippe s'était rendu le matin même au Havre pour discuter avec son successeur.
Dans un communique lapidaire, le démissionnaire explique : "J'ai décidé de présenter ma démission de mes fonctions et mandats à la Ville du Havre et à la Communauté Urbaine. Cette décision, mûrement réfléchie, s'est imposée à moi en raison de la nécessité de protéger ma famille et mes proches".
L'attitude de l'édile semblait connue de tous depuis de nombreuses années. Deux victimes interrogées par les journalistes ont tenté d'alerter les autres conseiller·ères municipaux·ales en leur transmettant les photos à caractère pornographique.
Pour ce fait, elles ont été attaquées elles-mêmes pour avoir diffusé les photos. Le maire a porté plainte contre l'une d'elle, Sophie, le 31 mai 2018. Le 18 mars dernier, elle écope d'un rappel à la loi.
Une autre, Élise, pour avoir fait la même chose en 2014, est convoquée avec son mari par le parquet du Havre après qu'une élue ait écrit au procureur.
Certaines femmes interrogées lors de l'enquête envisageraient de porter plainte alors qu'elles n'étaient pas consentantes pour recevoir ces photos.
Les dénonciations dans le monde de la politique sont rares. Pourtant, comme dans tout lieu de pouvoir, le sexisme y est très présent et les violences sexuelles nombreuses.
Il y a par exemple eu les accusations contre le porte-parole d'EELV Denis Beaupin en mai 2016. Le collectif Chair Collaboratrice avait dénoncé une première fois en 2016 le harcèlement que pouvaient subir les femmes à l'Assemblée nationale. Puis le mouvement #MeToo a débarque sans grand changement.
Le collectif écrivait en 2016 : "Lendemain de l'affaire Baupin, ambiance un peu particulière à l'Assemblée, vague d'espoir: les choses vont devoir changer désormais, c'est obligé."
Mais selon un sondage publié le 20 mars, rien n'a vraiment changé. Le collectif a lancé un questionnaire auquel il a eu 137 réponses (deux tiers des 2000 collaborateur·trices de l'Assemblée sont des femmes) : une collaboratrice sur six serait victime d'agression(s) sexuelle(s) selon le collectif, 12 % de la part de son député, et 60 % par un autre député ou par un autre collaborateur.