Une journaliste britannique du Financial Times a réussi à s'infiltrer dans un dîner de charité londonien en se faisant embaucher comme hôtesse. La soirée de bienfaisance a eu lieu le 18 janvier au Dorchester Hotel et réunissait les membres du Presidents Club : PDG, politiques, stars du show-biz... Ces invités triés sur le volet étaient venus dans le but d'acheter des biens ou produits de luxe afin de soutenir des oeuvres de charité. Jusqu'ici, tout ce qu'il y a de plus classique. À la différence près que ce gala de charité était uniquement réservé aux hommes. Les seules femmes présentes dans la salle étaient les 130 hôtesses d'accueil spécialement engagées pour la soirée. La journaliste du Financial Times Madison Marriage a filmé la soirée en caméra cachée (vidéo ci-dessous).
Ce soir-là, les participants masculins étaient 360, soit presque trois fois plus que les hôtesses. Et comme on peut le voir sur la vidéo de Madison Marriage, les choses ne tardent pas à déraper. "Beaucoup des hôtesses ont subi des attouchements, des commentaires obscènes et des demandes répétées de la part des invités de les accompagner dans leurs chambres", explique la reporter dans un article du Financial Times paru ce mardi 23 janvier. "Certaines ont expliqué que des hommes ont mis leurs mains sous leur jupe à plusieurs reprises. L'une d'entre elles a raconté qu'un invité lui a montré son pénis", précise Madison Marriage. Et pendant ce temps, les invités se voient proposer d'acheter une séance de chirurgie esthétique "pour épicer leur femme" ou un strip-tease à Soho. Le ton est donné.
L'ambiance sordide dépeinte dans cet article n'a manifestement rien d'inédite au sein de cette élite. La patronne d'Artista, entreprise chargée de l'organisation de la soirée, avait même prévenu les hôtesses qu'elles risquaient d'être "importunées" par les invités et qu'elles devaient venir la voir si cela se produisait. Les deux journalistes présentes à la soirée racontent également que les hôtesses devaient signer un contrat interdisant de parler de la soirée. Des "précautions" qui en disent long sur les habitudes des membres. Ces derniers avaient pourtant reçu une brochure intitulée "le code des gentlelmen du Presidents Club" en début de soirée qui spécifiait clairement qu'aucune forme de harcèlement ne serait tolérée. Ce rappel à l'ordre n'a toutefois pas dissuadé l'un des convives de 70 ans de harceler une jeune hôtesse de 19 ans et de lui demander si celle-ci était une prostituée.
Contactés par le Financial Times, les représentants du Presidents Club ont assuré qu'ils allaient enquêter pour vérifier la véracité des faits relatés par le journal. Le verdict n'a pas tardé à tomber : un communiqué officiel publié ce mercredi 24 janvier en fin de journée a annoncé la cessation d'événements de collectes de fonds du club, précisant que l'argent restant serait reversé à des organismes de bienfaisance consacrés à l'enfance. Le même jour, David Meller, co-président du Presidents Club et membre non exécutif d'une commission au ministère britannique de l'éducation, a démissionné de ses fonctions gouvernementales.