Enfin ! Suscitant l'attention de tous depuis le retrait de Joe Biden, départ souhaité par toute une partie des électeurs démocrates, la vice présidente Kamala Harris vient enfin de nommer son colistier.
Tous deux seront minutieusement observés dans cette course qui les opposent au candidat républicain Donald Trump, dont la réélection est très probable, d'après les sondages.
Petit rappel des faits : un colistier est une personnalité politique élue par un(e) candidat(e) à la présidence dans le cadre d'élections et qui, si victoire il y a de son binôme, deviendra vice président, ou vice présidente de la nation. Et si ce colistier choisi par Kamala Harris ne vous dit peut être rien, il n'est pas inconnu de tous.
La preuve ? Un grand nom vient juste de saluer sa nomination... Et le voit déjà vice président des Etats-Unis d'Amérique !
"Comme la vice présidente Kamala Harris, le gouverneur Tim Walz croit que le gouvernement travaille pour nous servir", s'est effectivement réjouit sur Twitter l'ancien Président Barack Obama - et grand ami de Joe Biden. "Pas seulement certains d’entre nous, mais nous tous. C’est ce qui fait de lui un gouverneur exceptionnel, et c’est ce qui fera de lui un vice-président encore meilleur", a poursuivi avec fermeté l'époux de Michelle Obama.
"Michelle et moi ne pourrions être plus heureux pour Tim et Gwen, leur famille et notre pays"
Mais qui est Tim Walz ? Et pourquoi pourrait-il changer la donne ?
Sortons le CV : né au Nebraska, Tim Walz est gouverneur du Minnesota depuis janvier 2019, et le restât deux mandats durant.
Mais il peut également se targuer d'une autre profession, qu'il a occupé depuis la toute fin des années 80 : celle d'enseignant. Il faut dire que son père était lui-même directeur d'école. Professeur, un métier trop souvent exclu des discours et mesures politiciennes malgré son importance cruciale. Ancien prof de géographie, Walz fut aussi coach de football.
Des détails par rapport aux enjeux qui ont ponctué la carrière politique de ce diplômé en sciences sociales et ancien soutien de John Kerry : la régulation des armes à feu au sein des Etats-Unis, la défense des droits des personnes LGBTQ, la crise du Covid, les discriminations raciales, la mort de George Floyd et les manifestations qui s'ensuivirent, la défense du droit à l'avortement suite à la révocation de l'arrêt Roe v Wade par la Cour suprême...
"Après l'arrêt de la Cour suprême de juin 2022, annulant la protection constitutionnelle de l'IVG, Tim Walz s’était engagé à faire de son État un sanctuaire pour les femmes cherchant à avorter", décrypte d'ailleurs le féminin ELLE. Cette prise de position est considérable : elle fait office de contrepied total aux décisions très conservatrices de Donald Trump, dans une nation où l'accès à l'IVG n'a jamais été aussi réprimé.
Le choix de Tim Walz est déjà très discuté par les journalistes et les politologues. "Mme Harris n’a pas privilégié les calculs dictés par la carte électorale ou cherché à recentrer son positionnement politique, jugé à tort ou raison plus à gauche que celui du président Biden", observe-t-on ainsi dans les pages du Monde. "Tim Walz n'est vraiment pas celui qu'on attendait comme colistier de Kamala Harris", estime à l'unisson sur franceinfo l'historien Lauric Henneton, maître de conférence à l'université de Versailles Saint-Quentin en Yvelines.
Cependant, la stratégie au cœur de cette nomination ne semble guère dépourvue d'ambiguïté. Effectivement, Tim Walz est un homme blanc tout droit venu du Midwest. Par-delà les causes qu'il a pu défendre sans ambivalence, il représente l'Amérique rurale et les classes populaires, si ce n'est prolétaires, qui en émanent. On peut concevoir ce choix comme une manière de contrebalancer le clivage que peut incarner Kamala Harris, personnification d'une politique plus urbaine et métropolitaine.
En outre, au sein du parti démocrate et aux yeux des politologues, Tim Waltz est considéré à l'unanimité comme un démocrate "modéré". Fidèle au Parti depuis 20 ans déjà, il s'est notamment opposé à la guerre en Irak à l'époque de la présidence Bush Jr.
"C'est un gars du Midwest qui n'a pas vraiment le profil du démocrate des côtes. C'est un choix habile parce que ça parle à des électeurs qui ne sont pas des électeurs démocrates habituels, notamment dans les États clés. Tim Waltz peut parler à l'Amérique blanche, rurale, mais aussi l'Amérique des petites villes, des campagnes, le 'flyover country', le pays au-dessus duquel on vole entre les côtes, qui se sent oublié et méprisé par les élites démocrates des grandes villes", analyse Lauric Henneton.
De quoi faire peser la balance du côté du camp démocrate face à un Donald Trump dont la réélection, si l'on en croit bien des voix érudites, semble déjà assurée ? La question mérite d'être posée.