Plus de 1000 noms de scientifiques présents dans sept manuels scolaires étudiés aux Etats-Unis ont été analysés par une équipe de chercheur·se·s. Résultat : 6,7 % étaient ceux de spécialistes noirs, asiatiques ou appartenant à une minorité ethnique, un·e expert·e sur sept seulement est une femme, et aucune femme noire n'est mentionnée.
Un constat qui en dit long sur le manque notoire de diversité dans les supports éducatifs. Et cette absence de représentation des minorités affecte directement les jeunes. "Ne pas pouvoir voir quelqu'un comme eux dans ce genre de manuels fondamentaux qu'ils utilisent, je pense que cela aurait un effet vraiment négatif", avance la Dre Cissy Ballen de l'Université d'Auburn en Alabama, co-autrice du rapport.
Elle et ses collègues relèvent toutefois des progrès en ce qui concerne les hommes et les femmes asiatiques, dont les noms sont plus cités qu'auparavant. Mais alertent : les ouvrages ne ressemblent en rien à leur public.
La Dr Rahma Elmahdi, associée honoraire de recherche pour l'égalité, la diversité et l'inclusion à l'Imperial College de Londres, estime que la situation est similaire outre-Atlantique : les scientifiques présent·e·s dans les manuels scolaires sont en grande partie blancs et masculins, et non le reflet des élèves des classes qui les étudient. "Nous devons commencer à agir pour réduire ces disparités si nous ne voulons pas exclure une autre génération de scientifiques talentueux", a-t-elle déclaré.
Dans un entretien pour le New York Times, Dre Esther Ngumbi, professeure adjointe en sécurité alimentaire et en entomologie à l'université de l'Illinois à Urbana-Champaign, déplore justement la grande majorité blanche des universités, et l'urgence à la pallier. "Il est tellement évident qu'en tant que scientifiques, nous devons encore réduire les disparités raciales", déclare l'une des rares femmes noires dans son domaine.
Et pour cause, selon le dernier décompte de la Fondation nationale des sciences, seulement 9 % des licences en sciences et en ingénierie sont attribuées à des étudiants noirs. Un chiffre qui n'a pas bougé depuis deux décennies.
Dre Ngumbi raconte le climat pesant que provoque l'absence de diversité, et de ses conséquences pour les étudiant·e·s non-blanc·he·s. Elle témoigne de sa propre expérience : "Je vais à des conférences, et je suis souvent la seule personne de couleur dans la salle. Vous êtes assis dans une salle de classe et tous les scientifiques qui sont présentés sont blancs, blancs, blancs", décrit-elle. "Et puis vous êtes assis là en tant qu'étudiant noir, et vous demandez, 'Est-ce que j'ai au moins une place dans la science ?'" Et martèle : "Nous devons encore être inclusifs dans le domaine de la science". A bon entendeur...