Vous avez peut-être entendu parler de Crazy Rich Asians. Le premier film hollywoodien au casting exclusivement asiatique (et principalement d'origine chinoise) raconte l'histoire de Rachel Chu (Constance Wu), jeune prof d'économie à NYU, de son petit ami Nick Young (Henry Golding) et de leur voyage chez ce dernier à Singapour. Sur place, elle découvre qu'il vient d'une famille extrêmement riche - qui possède la moitié de l'île - et se frotte à une classe sociale dont elle a du mal à comprendre les codes. S'en suivent intrigues amoureuses, péripéties farfelues sur plages privées et relooking haute couture.
Une comédie romantique satisfaisante sans être bouleversante, qui a ravi les spectateurs et spectatrices pour deux raisons. Tout d'abord sa représentation nécessaire. Et le fait que les protagonistes finissent ensemble à la fin (on spoile, mais c'est plutôt évident dès le départ). Côté production, aussi, la sortie a marqué les esprits, puisque les recettes s'estiment à 238 millions de dollars. Une coquette somme pour une "niaiserie communautaire", comme le qualifiait Le Parisien dans une critique honteuse.
Ce succès a d'ailleurs permis à l'équipe de rempiler pour un second opus - le livre de Kevin Kwan dont s'inspire le film est le premier d'une trilogie. Les acteurs et actrices comme le réalisateur, Jon M. Chu, ont ainsi signé pour le sequel dont le tournage débuterait en 2020, selon Digital Spy. Du côté des scénaristes en revanche, les choses ne se passent pas comme prévu. Si Crazy Rich Asians avait vu le duo Adele Lim (Les Frères Scott, La Proposition) - Peter Chiarelli cartonner en 2018, la co-autrice a finalement décidé de démissionner à l'automne dernier. La raison : l'autrice aurait appris que son collègue, un homme blanc, gagnerait 8 fois plus qu'elle sur ce projet (entre 800 000 et 1 million de dollars pour lui, 110 000 pour elle).
Suite à sa décision, Color Force, la maison de production, avait alors passé "cinq mois à trouver des auteurs asiatiques qui pourraient la remplacer", selon The Hollywood Reporter, avant de revenir vers Adele Lim avec une offre plus généreuse. Peter Chiarelli lui aurait même proposé de partager son salaire avec elle, ce à quoi elle a catégoriquement dit non.
"Peter a été vraiment bienveillant mais ce que je gagne ne devrait pas dépendre de la générosité de l'auteur blanc. Si je ne peux pas avoir un salaire équitable après Crazy Rich Asians, je n'imagine pas comment ce serait pour quelqu'un d'autre étant donné les standards autour de la renommée de nos anciens films, pour lesquels les femmes de couleur ne sont pas engagées", a-t-elle confié au Hollywood Reporter. "Il n'y a pas de manière d'acquérir une vraie égalité de cette manière".
Comme rapporte le HuffPost, Color Force se serait justifiée en avançant que les rémunérations sont établies sur l'expérience des auteurs. Et selon la société, faire une exception pourrait causer des problèmes. Une explication difficile à comprendre quand on sait qu'Adele Lim a largement contribué au succès cinématographique et financier du premier opus