" Tout homme a le devoir absolu de tromper de temps en temps sa femme, pour lui prouver qu'il l'aime tellement qu'il revient vers elle. Aucun mec ne peut baiser que sa femme ! " Ce bel axiome sur la vie conjugale, c'est notre Johnny national qui l'a sorti, fier, ainsi que le relate Philippe Manoeuvre dans La Terre promise, son livre sur l'idole paru hier. Diantre ! Mais se pût-il que l'auteur ait fait filtrer du off, consignant dans un opus forcément vendu à plus d'une centaine de milliers d'exemplaires, une virile sortie avinée de fin de soirée nullement destinée à être rendue publique ? Qu'allait donc dire Laetitia, sa femme depuis vingt ans, à la lecture de ces lignes humiliantes ?
Pas grand-chose, a priori, au vu de l'interview que la belle avait donnée la veille dans Paris Match. Relatant les infidélités de son époux qui firent vaciller leur couple en 2009, Leatitia fait en effet amende honorable : " Son infidélité, finalement, m'a beaucoup aidée. J'aurais même tendance à lui dire merci. [Elle rit.] Ca m'a invitée à me remettre en question, à être beaucoup plus féminine, de nouveau dans la séduction avec lui. " Elle rit... Bha oui, quoi, tout le monde sait ça : si un homme va voir ailleurs, c'est forcément la faute de sa femme, qui n'a pas su assez se pomponner, le dorloter, cultiver le mystère. Quoique... Si " aucun mec ne peut baiser que sa femme ", cela va même au-delà. Enfin passons. Mais ce qu'il y a de bien, donc, avec cette infidélité masculine inscrite dans les gènes du mâle dominant forcément tenté par toutes ces femelles vibrillonnant autour de lui pendant que sa femme se laisse aller, c'est qu'elle rend ser-vice ! D'où le " devoir absolu ", bien sûr. Ainsi la femme trompée prend-elle un bon électrochoc, lui rappelant sa fonction première et indiscutable de rester belle, patiente et séduisante alors que l'homme, repu, revient magnanimement au foyer après ce petit avertissement, prouvant ainsi à son officielle que, malgré ses égarements ménagers, elle reste un port d'attache. Trop aimable.
Alors, ça. C'est dommage, nous qui travaillons sur les femmes d'aujourd'hui, les couples modernes, la difficile conciliation de la vie professionnelle des mères avec leur vie de famille, et de couple, bien sûr, la place des hommes dans le foyer et l'espoir toujours tenace d'être un couple qui dure, nous n'avions jamais envisagé pareille astuce. Merci, les Hallyday ! Ah mais, juste une question... Quid de l'infidélité féminine, alors ? Est-ce qu'une femme a elle aussi le " devoir absolu " de tromper son époux si tant est qu'elle n'en puisse plus de voir sa bedaine s'installer et son quotidien perdre de sa magie ? Puis de revenir, ensuite, une fois le petit stagiaire consommé quand Pépère aura repris les abdos et la conscience de ses promesses originelles de romance éternelle ? On demande...
Après tout, chaque couple fait comme il veut, pensez-vous certainement, et trouve ses solutions persos au temps qui passe et érode les plus solides. Seulement, un tel discours ancestral et résolument machiste étalé dans les colonnes des journaux à gros tirage, et tenu par un chanteur d'une telle influence, ça nous reste un peu en travers de la gorge, et met à sac bien des discours égalitaires chaque jour énoncés. En bref, légitimer l'infidélité masculine comme une pulsion inscrite dans les gênes de pauvres mâles en proie à une nature plus forte, en 2015, ça fait mal. " Je n'aime pas cette société qui pousse les femmes à devenir des sortes de mecs, à s'assumer, à travailler, à tout faire ... ", déclarait ce matin dans Public la chanteuse Vitaa.
Si tout le monde s'y met...