Instagram a peut-être récemment changé d'avis sur l'exposition d'une certaine nudité, en autorisant désormais celle des mères lors de l'allaitement ou de l'accouchement, comme l'explique leur site, mais dans les autres situations, le corps des femmes est toujours censuré. Cela inclut les vulves, mais aussi les tétons. Le mouvement #FreeTheNipple, qui se traduit par #LibérezLeTéton et milite pour que le torse des femmes, décrié quand exposé, ne soit pas discriminé par rapport à celui des hommes, entièrement toléré, a donc encore de beaux jours devant lui.
Heureusement, quelques comptes font de la résistance en exposant l'inoffensif bout de peau à travers des dessins, des sculptures, des flous artistiques ou en choisissant le gros plan pour prendre la charte d'Instagram à son propre piège : comment déterminer si un téton est masculin ou féminin quand il est capturé de près ?
Quatre d'entre eux ont particulièrement attiré notre oeil avide de seins libres. Les voici.
On vous en parlait plus haut, Genderless Nipple défie de la faille sexiste du réseau social. Les tétons d'homme, ça passe, les tétons de femme, pas du tout ? Les auteurs.trices ont donc décidé de les rendre impossibles à différencier, grâce à un cadrage en gros plan. Tellement bien fait d'ailleurs, que même Instagram s'y perd et a déjà supprimé une photo d'homme. Résultat : une page remplie de clichés de seins masculins ou féminins capturés de très (très) près, qui prouve qu'il n'y a absolument rien à cacher.
L'artiste derrière Does My Nipple Offend You? (Est-ce que mon téton vous offense ?, en français) s'est spécialisée dans la confection de vases et de pots en tout genre, qu'elle baptise "titty pots", ou pots à néné. Des modèles qui n'oublient personne et représentent des poitrines de toutes les formes et de toutes les couleurs de peau que l'on place aussi un peu partout dans son intérieur pour prendre part à la révolution en dehors du monde virtuel.
The Nipple Acttt joue la carte digitale jusqu'au bout, en reconstituant des clichés réels uniquement grâce à des emojis. On voit tout et pourtant, tout n'est qu'illusion. Et Instagram ne peut donc rien contre ces dizaines d'oeuvres numériques qui mettent à l'honneur les seins les plus petits, les plus ronds, les plus asymétriques, les plus pointus, ou les plus gros. Les intéressées peuvent d'ailleurs soumettre leur photo via message privé à Camilla Gonzalez Corea, artiste costa-ricaine installée à Londres, qui explique vouloir promouvoir la normalisation du téton de femme.
Sur le compte d'illustration de Susanna Tosatti, il y a des tétons partout. Des seins avec des tétons, des fesses avec des tétons, des tétons qui s'entremêlent, des tétons qui dégoulinent, un téton sur la langue, des tétons parapluie, des tétons par la poste. Bref, chaque croquis est une ode à ce qui pointe au bout de nos poitrine, et on devient vite hypnotisée par ce tourbillon de dessins façon bande-dessinée pas si osée.