Instagram aurait décidé de tout mettre en oeuvre pour rendre la plateforme plus sûre pour les enfants et adolescent·e·s. A écouter les grandes lignes du projet dans les tuyaux depuis quelque temps, il s'agit de créer une version dédiée aux plus jeunes, garantie sans pub et dotée de fonctionnalités qui permettent plus de contrôle de la part des parents et de sécurité pour les utilisateurs et utilisatrices. "La bonne chose à faire", selon le PDG du réseau social Adam Mosseri.
Seulement, un récent événement est venu remettre en cause l'avancement de cette version "Kids". Un rapport du Wall Street Journal affirmant qu'Instagram était "toxique pour les jeunes filles" et surtout, que Facebook, l'entreprise mère, et ses dirigeant·e·s en étaient parfaitement conscient·e·s.
Le média a ainsi diffusé deux études fuitées d'Instagram. Sur l'une d'elles datant de 2019, on peut lire : "Nous aggravons les problèmes d'image corporelle d'une adolescente sur trois." Ailleurs, on voit les résultats d'un sondage mené par la firme de Mark Zuckerberg : "Les adolescents accusent Instagram d'être responsable de l'augmentation du taux d'anxiété et de dépression. Cette réaction était spontanée et cohérente dans tous les groupes."
Autre constat chiffré : 30 à 51 % des jeunes répondant·e·s avaient l'impression de devoir créer une image parfaite d'eux-mêmes pour correspondre aux critères qui règnent en ligne. Et 24 à 29 % estiment ne pas être "assez bien". Devant de telles révélations, Instagram a décidé de suspendre temporairement son "Instagram for kids".
Dans un communiqué, Adam Mosseri a tenté de limiter la casse en invoquant une pause pour "prendre plus de temps pour cela", sous-entendu pour éviter de faire encore plus de mal.
"Nous faisons une pause, mais rien ne change. Les U13 (internautes âgé·e·s de moins de 13 ans, ndlr) reçoivent des téléphones, mentent sur leur âge et téléchargent des applications qui leur sont interdites", écrit-il. "YouTube et TikTok ont déjà connu ça et ont créé des produits U13, nous faisions la même chose. Je dois croire que les parents préféreraient avoir la possibilité d'offrir à leurs enfants une version adaptée à leur âge, qui leur donne le contrôle et la possibilité de surveiller. Mais je ne suis pas ici pour minimiser leurs inquiétudes, nous devons bien faire les choses".
Interviewé sur la chaîne américaine Today, le PDG a abordé son expérience personnelle. "En tant que père, la chose la plus importante pour moi est la sécurité de mes enfants". Et d'espérer : "Je dois croire qu'un monde où il y a une version d'Instagram conçue pour les préadolescents, où il n'y a pas de publicités, où il y a du contenu adapté à l'âge et où un parent peut choisir de laisser son enfant l'utiliser et contrôler des choses comme qui il suit et à qui il envoie des messages, est mieux que l'alternative."
S'il estime ne pas être "d'accord avec la façon dont le [Wall Street Journal] a rendu compte de nos recherches", il y a de bonnes chances que son entreprise doive rendre des comptes ailleurs que sur un plateau télévisé.
Suite à la publication, les sénateurs Richard Blumenthal (démocrate) et Marsha Blackburn (républicaine) ont ouvert une enquête contre Facebook. "Les reportages du Wall Street Journal révèlent que le leadership de Facebook se concentre sur un état d'esprit de croissance à tout prix qui valorise les profits plutôt que la santé et la vie des enfants et des adolescents", constate un communiqué. L'audience aura lieu jeudi 30 septembre, devant le Sénat.