Jameela Jamil est en train de devenir notre meilleure amie. Sa façon de déconstruire le patriarcat dans le monde des médias est rafraîchissante. Elle avait déjà démonté Kim Kardashian et ses soeurs en les accusant d'être "des agents doubles du patriarcat". Pas plus tard que fin novembre, elle avait descendu en flèche la rappeuse Cardi B sur Twitter pour avoir fait la promotion d'un thé laxatif auprès d'un public très jeune.
A chaque fois, l'actrice de The Good Place rappelle à quel point elle a souffert dans sa chair des diktats de beauté, elle qui était anorexique pendant son adolescence.
Cette fois-ci, l'activiste britannique s'en prend à Photoshop. Dans une tribune paru sur le site de la BBC, Jameela Jamil parle du mensonge fait aux consommateur·trices et s'en prend également aux utilisateur·trices de ce logiciel de retouche qu'elle accuse de racisme quand il sert à blanchir la peau.
Les corps numériquement parfaits nuisent à l'image que les femmes ont d'elles-mêmes mais influent également sur l'image que les hommes peuvent se faire d'une femme "parfaite".
Jameela Jamil parle ainsi de nécessité : "On a besoin de voir des taches. Nous avons besoin de voir des rides. On doit voir de la cellulite et des vergetures. Sinon, nous deviendrons presque allergiques à leur vue."
Pour appuyer son propos concernant Photoshop, elle publie en parallèle une série de messages sur son compte Twitter.
Elle y évoque l'utilisation différenciée qui est faite du logiciel quand il s'agit de parler des stars féminines et des stars masculines en couverture des magazines : "Un exemple de Photoshop qui a été utilisé comme arme contre les femmes : c'est ainsi que nous présentons des hommes d'une cinquantaine d'années en couverture de magazine et les femmes dans la cinquantaine. Regardez la différence."
Les hommes eux sont autorisés à vieillir : "Les hommes qui vieillissent sont sexy en HD. La plupart du temps, les femmes n'osent pas vieillir. Les hommes peuvent célébrer l'inévitable, nous devons le craindre."
L'actrice poursuit : "Photoshop dans la publicité et les magazines est si souvent utilisé d'une manière âgiste, validiste, grossophobe, raciste et profondément sexiste. Cela fait plus de mal que de bien. Nous rendons les gens presque allergiques à la simple vue des traits humains normaux."
Jameela Jamil, qui a déjà mis en jeu sa santé à cause des diktats de beauté inatteignables, rappelle pourquoi elle refuse les retouches : "Je n'ai pas banni tout Photoshop de moi-même parce que je serais une sorte de martyre pour les femmes. Je le fais pour MA santé mentale, pour que je ne tombe pas de haut quand je me regarde dans le miroir, après avoir vu un avatar 'sans faille' amélioré numériquement. Je ne veux pas de pression ou d'examen minutieux."
Après sa prise de position, l'actrice a subi une tornade de commentaires négatifs sur le réseau. Les internautes lui reprochent le fait qu'il soit facile de dire non aux retouches quand on est déjà magnifique.
Jameela Jamil a répliqué en publiant une photo d'elle en robe décolleté. On y voit des vergetures sur ses seins.
En couverture du magazine Nylon ce mois-ci, elle a également demandé à ne pas être retouchée mais a refusé que l'on prenne ses pieds en photo à cause d'un très vilain doigt de pieds : "Mon cul ressemble à une carte du monde. Je ne manque pas de gravité. J'ai des taches. J'ai les dents inférieures de travers, je n'ai jamais fait blanchir mes dents. J'ai de la cellulite."
Avec ce refus d'être photoshoppée, Jameela Jamil s'en prend aux mannequins de la marque de lingerie Victoria's Secret', très critiquées cette année : "Je suis sur le point de tourner une campagne de maillots de bain sans aucune retouche, ce qui sera la rare occasion de voir de la cellulite sur le côté d'un bus ou d'un immeuble. Je ne suis pas mannequin chez Victoria's Secret."
A la journaliste l'interrogeant, elle explique une nouvelle fois sa position : "Quand on est photoshoppé, on se prépare à une chute, parce qu'on ne peut pas être à la hauteur d'une image numérisée... Arrêtez de faire des retouches sur vos images."
Elle dénonce ainsi l'hypocrisie de ces stars qui gomment leur défauts sur leurs photos sans en avertir leurs fans : "Je pense vraiment que c'est dégoûtant. C'est un crime dégoûtant que de mettre vos images sur Photoshop et de les diffuser dans le monde sans annoncer que c'est ce que vous avez fait. C'est un mensonge, vous mentez à vos fans, à vos abonné·es et aux gens qui vous admirent."
Avant de s'en prendre violemment à ceux et celles qui demandent à être retouché·es : "T'es un connard. Je le crois vraiment. T'es un connard. Tu laisses l'insécurité qui a ruiné ta vie se répandre dans d'autres personnes. Vous recyclez cette haine de soi. Vous recyclez cette insécurité, et vous devriez arrêter."
Le féminisme passe aussi par la pop culture. Alors les prises de position de Jameela Jamil font du bien pour faire passer le message du féminisme au plus grand nombre.