Sur la couverture du Vogue Russie du numéro de novembre, la top Jill Kortleve apparait nue, de côté, regard fixe vers l'objectif. Ses bras enlacent un manteau noir à détails en plume qui recouvre le devant de son corps. L'arrière, lui, est dénudé.
Pas de vêtements et pas de retouches non plus. On voit les vergetures de la mannequin, sa peau qui se plie dans le dos... tout ce qui a longtemps été effacé des photos de mode, via photoshop ou dès le casting, par le choix de visibiliser uniquement un type de corps en accord avec des diktats de beauté réducteurs et surtout dangereux : une silhouette très mince.
Depuis quelques années, la diversité atteint de plus en plus - quoique toujours timidement - les podiums et les pages des magazines pointus, pour coller davantage à la réalité. Un changement que Jill Kortleve salue : "merci Vogue Russie de nous avoir donné la liberté de créer ces images, célébrant tous les types de corps dans l'industrie de la mode. Mon coeur est plein d'amour." Un progrès, sans aucun doute.
Seulement voilà, les réactions réjouies de part et d'autre de la Toile et du milieu sur cette Une réussie, en disent long sur le chemin qu'il reste à parcourir.
La décision de la rédaction en chef "de célébrer tous les types de corps" est certes à applaudir - mieux vaut tard que jamais - mais il est important de remettre en contexte un constat frappant : Jill Kortleve fait du 40, et ce qu'on pourrait qualifier d'effort d'inclusivité n'est en réalité que l'exposition d'une femme dont la taille est encore en-dessous de la moyenne des Françaises.
Reste donc à ce que ce changement, déjà enclenché, perdure, et soit le signe d'un véritable bouleversement pérenne. A l'aube de 2022, il serait grand temps.