On dit d'elle qu'elle est inflexible, insaisissable. Aux Etats-Unis, la sénatrice démocrate Kyrsten Sinema énerve la gauche américaine. En partie car cette représentante politique de l'Arizona - depuis trois ans déjà - conteste certaines réformes proposées par le président Joe Biden. Cette ancienne assistante sociale fascine et déconcerte la presse.
Bisexuelle déclarée, Kyrsten Sinema est une centriste de 45 ans à la sensibilité progressiste. Mais outre-Atlantique, le parti démocrate l'accuse de trahison : celle qui connaît aussi bien le Sénat que la Chambre des représentants ferait obstacle au vote des réformes proposées par Joe Biden, comme le rapporte Le Monde.
On l'accuse notamment de s'opposer au plan écologiste du Green New Deal ("pacte vert"), à l'augmentation du salaire minimum fédéral et à une réforme pourtant précieuse du système de santé (incluant une baisse du prix des médicaments). D'aucuns, plus que d'obstacle, parlent même de "prise d'otage". Kyrsten Sinema suscite perplexité et critiques.
Nombreux sont les alliés de Joe Biden à lui tourner le dos. La principale concernée, de son côté, rappelle volontiers l'importance du "filibuster", autrement dit la procédure qui permet de contester le passage d'un texte d'une loi au Sénat. Au grand dam de ses détracteurs. Ainsi, le Parti démocrate d'Arizona, relate Le Monde, "lui a adressé fin septembre un ultimatum : rentrer dans le rang ou faire l'objet d'un vote de défiance". Vote qui aurait de fâcheuses incidences sur sa future campagne en 2024.
Entre autres piques, les voix les plus critiques l'accusent d'être corrompue par l'industrie pharmaceutique. Est notamment mise en cause une collecte de fonds organisée à son profit par cinq groupes de lobbyistes. Comme l'énonce La Presse, son esprit de contradiction face aux décisions démocrates, quitte à risquer l'exclusion, peuvent étonner au vu de son parcours : ancienne militante du groupe Green Party, Sinema s'est par le passé volontiers opposée au règne des grandes entreprises et à la guerre d'Irak, critiquant en termes virulents la présidence de George W. Bush.
"Les progressistes emploient les mots opportunisme, narcissisme ou corruption pour expliquer le changement de la trajectoire politique de Kyrsten Sinema", observe La Presse. Du côté des paroles discordantes, la journaliste du Wall Street Journal Kimberley Strassel ironise sur ceux, politiques et médias, qui semblent se demander "Pourquoi ne fera-t-elle pas simplement ce que nous lui disons ?". Affaire à suivre ?