Ils ont entre 9 et 21 ans. Ces jeunes Américains se préparent à défendre une affaire devant la cour de l'état d'Oregon le 5 février 2018. En août 2015, ce groupe composé de 21 citoyens baptisé #YouthvGov a décidé d'intenter un procès aux Etats-Unis et plus précisément au gouvernement, à l'époque celui d'Obama.
Leurs chefs d'accusations ? Le réchauffement climatique et l'inefficacité du gouvernement à protéger efficacement les habitants des Etats-Unis contre ce que ces citoyens qualifient de "chaos climatique". Ces militants dénoncent une violation de leur droit constitutionnel à "la vie, la liberté et la prospérité". Le mouvement pointe du doigt les conflits d'intérêt entre les politiciens et les lobbys des énergies fossiles, qui retardent la limitation de concentration de CO2 dans l'atmosphère.
L'initiative de ces jeunes militants est tout ce qu'il y a de plus sérieuse. Soutenue par l'association américaine Our Children's Trust, elle se fonde sur la doctrine dite de "public trust", selon laquelle le gouvernement est garant des ressources naturelles qui forment le bien commun de tous les Américains."Nous ne voulons pas d'argent. Nous demandons que soit mis en place un plan national pour mettre le pays sur la trajectoire qui nous ramènerait à une concentration de 350 ppm (parties par million) de dioxyde de carbone dans l'atmosphère à l'horizon 2100 (...) Nous sommes actuellement à 410 ppm" a déclaré Jacob Lebel, 20 ans et membre de #YouthvGov, dans un entretien accordé au journal Libération.
Si certains politiciens et les représentants de l'industrie incriminée ont sommé la justice de classer l'affaire, le juge Thomas Coffin du district fédéral de l'Oregon a cependant pris le parti de ces adolescents en donnant suite à leur plainte. "C'est assez inouï que le gouvernement s'associe aux jeunes au lieu de soutenir l'une des industries les plus rentables du pays. En particulier pour une cause écologique comme le climat", a déclaré fièrement Xiuhtezcatl Martinez, 17 ans, au site Mindbodygreen.
Ce "public trust" engagé au nom d'une cause écologique surprend, car il est inédit aux Etats-Unis. Mais aussi et surtout parce que c'est la première fois que ce type d'action en justice est portée par des mineurs. Pourtant, rien d'étonnant à ce que ce soient des citoyens si jeunes qui interpellent directement le gouvernement. Car après tout, ce sont eux (ainsi que les générations futures) qui pâtiront le plus du réchauffement climatique.
Comme le rapporte Mindbodygreen, Levi Braheim-le cadet du groupe âgé de 9 ans- craint de voir un jour disparaître sa maison située sur la côte Atlantique, en Floride. Et la peur du garçonnet se révèle d'autant plus plausible depuis les ouragans Harvey et Irma. En l'espace de quelques jours, ces violentes tempêtes tropicales ont déjà dévasté une grande partie du Texas et plusieurs îles des Caraïbes. Bien que ces ouragans meurtriers ne soient pas directement provoqués par le réchauffement climatique, ce phénomène contribue cependant à les amplifier.
En attendant le procès du 5 février, #YouthvGov a encore du pain sur la planche. Surtout depuis l'investiture du nouveau président Donald Trump, grand climatosceptique qui a rompu les accords de Paris sur le climat, approuvés en décembre 2015 par 195 pays du monde. Mais les jeunes militants ne se démontent pas. "Quand il a été élu, notre procès a été ma seule lueur d'espoir. Actuellement, le Congrès américain est bloqué par les républicains, et l'administration Trump est corrompue par l'industrie des énergies fossiles. La branche judiciaire reste donc le dernier recours pour faire respecter nos droits", a expliqué Jacob Lebel à Libération.
En avril dernier, le groupe #Youthvgov-ainsi qu'une centaine d'autres jeunes militants écologistes- a défilé dans les rues de Washington en brandissant une grande banderole sur laquelle on pouvait lire : "Donald Trump and Fossils Fuel Industry... See you in court." (Donald Trump et industrie des combustibles fossiles... On se verra au tribunal)