C'est votre fantasme depuis un petit moment. Vous vous visualisez en kimono en satin, arriver dans la chambre pendant que votre partenaire, admiratif·ve, est installé·e sur un fauteuil en plein milieu de la pièce. Sous le tissu, de la lingerie fine qui sublime vos courbes. Vous faites glisser lentement le par-dessus au sol, et vous vous balancez au rythme d'une musique qui vous enivre.
Vous maîtrisez chaque geste, fière du pouvoir que vous semblez aussi exercer sur l'autre, à ce moment précis. Vous vous approchez en dansant, glissant votre corps sur ses genoux, entre ses jambes, la tension toujours plus vive. Il·elle ne tient plus : le show se transforme en ébats passionnés.
Ah, les rêves. C'est beau.
Pas de bol, dans la réalité, vous n'avez aucun rythme et autant de souplesse qu'un barreau de chaise. Et ce ne sont pas vos tentatives (ratées) de chorégraphies TikTok qui amélioreront vos performances : toutes ressemblent de près ou de loin à des transes inquiétantes. En bref, vous n'êtes doté·e d'absolument aucun talent en la matière. Mais bonne nouvelle : ça s'arrange. Et justement, on est là pour ça. Déjà car nous (moi) aussi, on part de loin, et surtout parce qu'à coeur vaillant, rien d'impossible.
Et puis, il faut dire qu'avec une marge d'amélioration si large, les progrès seront forcément impressionnants. Suivez la guide.
Blague à part, effectuer une lap dance peut-être assez angoissant. D'autant plus quand la danse - ou en tout cas, ce genre de danse - n'est pas notre fort. On s'apprête à se mettre à nu, au propre comme au figuré, devant l'autre et cette vulnérabilité a de quoi nous effrayer. Il est donc primordial de se rappeler qu'il n'y a aucune raison de continuer si l'idée finit par nous paralyser. On fait comme on le sent. Même au milieu du "spectacle", on peut tout à fait s'arrêter et revenir à des préliminaires moins extraverties. Ou juste à un film dans le lit.
S'il s'agit simplement d'un petit coup de stress que l'on souhaite surmonter, penser à l'autre et à la confiance qu'on lui accorde peut aider. Contrairement à ce qu'on aurait tendance à penser à ce moment-même : on a déjà le public dans la poche. Qu'on se plante, qu'on rigole, qu'il s'agisse, selon nous, d'un véritable fiasco : il·elle ne nous jugera pas. Et si c'est le cas, peut-être saisir l'occasion pour une discussion à coeur ouvert qui remet les bases ? (oui, en kimono).
Pour le reste, la gérante d'un "gentlemen's club" new-yorkais Rori Gordon donne quelques conseils pratiques. Dans les colonnes de Cosmo US, elle avise ainsi de peaufiner sa playlist en amont (la lap dance devrait durer maximum deux chansons, soit six minutes environ). "Ma préférence pour la musique serait quelque chose de lent et sensuel, comme Barry White", intime-t-elle. Mais Beyoncé marche aussi.
Elle incite aussi à s'échauffer puis à "se mettre dans l'ambiance", en disposant quelques bougies ci et là, pour une lumière tamisée qui nous aidera à se lancer.
Côté tenue, l'experte est formelle : quelque soit le bout de tissu qui nous fait nous sentir bien dans notre peau, sexy - et qui n'entrave pas nos mouvements, on prend. "J'aime la lingerie, les jarretières et les bas avec une longue robe transparente", confie-t-elle. Inspirant.
L'important selon la spécialiste ? Garder en tête que ce qui compte n'est pas tant la performance en elle-même que la connexion avec son·sa partenaire. Le.la fixer dans les yeux, lui sourire de façon suggestive, jouer avec sa bouche, sa langue : tout ce qui permettra d'établir un lien irrésistible, et de relâcher un peu la pression. Même le clin d'oeil, souffle Rori Gordon : "Cela semble un peu bête, mais ça marche", assure-t-elle.
Autres conseils de pro, le fameux regard par-dessus l'épaule. Dos à l'autre, on tourne la tête par-dessus son épaule, donc, pour plonger nos yeux dans les siens. "Si vous le sentez, léchez aussi vos lèvres", encourage la gérante. Et dernière carte : le mouvement des cheveux. "Si vous avez les cheveux longs, utilisez-les".
Plus concrètement, on lui demande de s'installer confortablement, sur une chaise ou le bord du lit, puis on se place plus loin, à quelques pas/mètres (selon si on vit dans un château ou un studio - ce sera donc "pas" de ce côté de l'écran). Jaclinne Cheng, fondatrice de la marque Spicy Lingerie affirme au média américain que tout est dans l'alternance de mouvements.
Elle suggère ainsi de démarrer à l'autre bout de la pièce, "pour créer l'anticipation", avant de s'approcher le plus près possible de l'autre et de "bouger son corps au rythme des notes". "Commencez lentement et augmentez votre vitesse au fur et à mesure que la musique change", poursuit-elle, insistant sur le contact visuel. "C'est le détail le plus important pour une lap dance réussie". Noté.
Ensuite, on passe de la position debout au-dessus de lui ou elle, à la position assise et à la position accroupie. On ondule, on danse par-dessus son corps, on se penche en arrière en s'asseyant sur ses genoux... On s'y croirait.
Pour celles qui souhaiteraient des consignes plus détaillées, il existe plusieurs parades que l'on peut tenter pour un effet redoutable. Le "Sexy Lean" que l'on mentionnait plus haut, par exemple, et que l'on pourrait traduire par "le fait de se pencher de façon sexy" (plus sympa en anglais, on est d'accord).
On se place entre les jambes de son partenaire, face à son buste, et on penche (donc) le haut de son corps vers l'avant (avec le dos arqué et les fesses en l'air) pour qu'il puisse voir notre corps. On place nos mains sur les accoudoirs avant de rapprocher nos seins de plus en plus près de son visage, sans qu'il·elle puisse les toucher. Une fois qu'il·elle a patiemment attendu, on se penche encore plus en avant et on frotte notre poitrine contre la sienne.
Second mouvement, un classique : la cow-girl. On lui tourne le dos, en faisant mine d'asseoir nos fesses sur son entrejambe, les mains sur ses cuisses ou les accoudoirs pour ne pas s'effondrer au sol. On bouge nos fesses en cercles, puis de haut en bas, comme si on le·la chevauchait à la manière d'une cowgirl, mais inversée. Puis, coup fatal, on lance un regard en arrière.
Prête ? Il n'y a plus qu'a.