Les plus de 65 ans représentent aujourd'hui près du quart de la population japonaise et la tendance au vieillissement devrait encore s'accentuer (40% des Japonais auront plus de 65 ans d'ici 2060, ndlr), dans un pays où l'espérance de vie à la naissance atteint dorénavant 83,1 ans et qui doit faire face à un taux de natalité en berne. L'industrie nippone du porno, la deuxième plus importante après les Etats-Unis, a décidé de s'adapter à cette évolution de la pyramide des âges en multipliant les sites à destination des seniors.
Yasue Tomita est l'une des nouvelles arrivantes sur la scène géronto-pornographique nippone. A 61 ans, cette ancienne ouvrière d'une usine de pièces automobiles a décidé de s'inscrite auprès d'une agence spécialisée dans les vidéos pour adultes. "J'aime le sexe et c'est ma dernière chance avant d'être trop vieille. Je suis très nerveuse. Je me demande si je dois vraiment le faire, surtout en face de tant de gens... Mais tout le monde devrait suivre ses fantasmes. J'espère juste que je peux", a-t-elle confié à l'AFP en marge d'un tournage.
Si la sexagénaire avoue être "un peu rouillée", c'est loin d'être le cas du business du porno senior devenu "très populaire au cours des dix dernières années", précise l'un des pontes des films pour (vieux) adultes, le réalisateur Fumiaki Kimura. La géronto-pornographie a même réellement décollé grâce au désormais octogénaire Shigeo Tokuda. "Le pape du X grisonnant", comme le surnomme l'AFP, "qui a joué dans des centaines de films aux côtés de jeunettes peu farouches".
"J'ai commencé en mars 1994", confiait l'homme de 81 ans, il y a quelques années, dans un reportage que lui avait consacré Vice News. Et de préciser : "Je ne fais pas vraiment les comptes, mais j'ai dû jouer dans 250 films".
Un succès du porno pour seniors qui apparaît comme un paradoxe de plus dans un pays où la libido n'est pourtant pas au beau fixe puisque près de la moitié des couples japonais avouent ne pas avoir eu de relations sexuelles au cours du dernier mois, selon une étude de l'Association japonaise de planification familiale, parue à l'automne dernier. Pire, 23,8% des femmes mariées estiment qu'avoir des relations sexuelles est "un acte dérangeant".