Le couple Erdoğan n'est plus à une sortie polémique près. Après que le président turc Recep Tayyip Erdoğan eut déclaré que l'égalité femmes-hommes était "contre-nature", ou encore que les femmes ne devraient pas "rire fort en public", c'est cette fois-ci son épouse Emine Erdoğan qui a fait bondir les internautes.
Lors d'une allocution publique tenue à Ankara mercredi 9 mars, la femme du président islamo-conservateur a estimé que "le harem était une école pour les membres de la dynastie ottomane et un établissement scolaires pour la préparation des femmes à la vie".
Des propos qui ont eu du mal à passer au lendemain de la Journée internationale des droits des femmes, d'autant plus qu'ils ont été tenus par la Première dame turque, par ailleurs marraine d'associations de femmes et de bienfaisance.
Dans l'Empire ottoman, les harems constituaient un univers féminin clos où les femmes étaient la propriété du sultan. Elles y étudiaient la langue ottomane, la couture, la cuisine, l'histoire, la poésie, ou encore la danse. Si aucun document d'époque ne rapporte un quelconque éveil sexuel, il était probablement d'usage que les courtisanes les plus âgées enseignent aux novices les codes de séduction, la façon de se tenir ou de se comporter pour plaire au sultan.
Retransmise à la télévision, l'allocution d'Emine Erdoğan a fortement déplu aux internautes, qui ont accusé la Première dame de déformer l'histoire pour justifier ses positions conservatrices sur la place des femmes dans la société.
"Au temps de Murad III (sultan du XVIe siècle), les seuls objets qui n'entraient pas au harem étaient des livres", a ainsi rappelé sur Twitter Özlem Kurumlar, une universitaire spécialiste de la période ottomane.
Décidément peu avare en sorties misogynes, Recep Tayyip Erdogan y est lui aussi allé de sa petite remarque pour le 8 mars, en affirmant lors d'un discours : "Je sais qu'il y en aura encore qui en seront gênés, mais pour moi la femme est avant tout une mère."
Pendant qu'il prononçait son discours devant un parterre de femmes toutes acquises à sa cause, l'homme fort de la Turquie avait lancé l'ordre de réprimer violemment les rassemblements de militants pour les droits des femmes qui avaient lieu à Istanbul et à Ankara.