C’est l’éternel débat entre ce qui plaît au public et ce qui est adoubé par les garants du bon goût. Musso, Levy, Gavalda, Pancol… Toutes les têtes d’affiche de la littérature française sont-ils condamnés à essuyer le mépris d'un microcosme germano-pratin parti en guerre contre les mainstream-books et le concept du "lire pour le plaisir" ?
Il semble bien que oui, en témoigne l’accueil dubitatif réservé au Charlotte de Foenkinos, accusé de bien vendre, notamment au tout-puissant cinéma, succès que les critiques ne sont manifestement pas près de lui pardonner. Idem pour Delacourt, bouté hors du sérail des « vrais » écrivains depuis le succès surprise de sa Liste de mes envies, considéré depuis lors comme un feel-good book pour ménagère en mal de guimauve. Sans parler de Françoise Bourdin, meilleure vendeuse en France depuis des années sans que son nom apparaisse jamais dans un quelconque organe de presse. Que voulez-vous, le popu tâche. Quant aux goûts littéraires du plus grand nombre, ils semblent communément acquis comme mauvais.
Concernant Valérie Trierweiler, nous avions nous-même dénoncé la démarche qui consiste à ouvrir au grand public les portes de la chambre à coucher conjugale quelle qu’eût été la violence de sa répudiation. Pourtant, le succès sans précédent de son opus pose question. Après 600 000 ventes, tout de même, peut-on encore parler de curiosité malsaine, après que les bonnes feuilles et les passages croustillants sur les infamies de François eurent été consignés dans tout ce qui se fait de bien ou de trash dans la presse ? A priori, non. A vingt euros l’exemplaire, cela ferait beaucoup de gogos même pas capables d’une rapide recherche sur Internet.
Non, cette histoire d’amour, l’expérience de l’homme aimé parti pour une autre (plus jeune, si possible), le mensonge, les promesses, l’humiliation, ces thèmes maintes fois abordés dans les romans de gare semblent avoir une nouvelle fois touché leur cible : les femmes, lesquelles se sont par centaines de milliers reconnues dans l’expérience de celle qu’elles avaient tant haïe.
Sur le web, on appelle cela un contenu "aspirationnel". Il semble que l’expérience pourtant si particulière relatée dans Merci pour ce moment le soit paradoxalement. En signature, Valérie Trierweiler revit, émue par les témoignages d’affection de ces lectrices qui ont trouvé dans son livre un peu de réconfort, malgré le déni de ceux qui soufflent, lèvent les yeux au ciel, refusent même d’aborder ce crasse sujet de discussion. Nonobstant ces êtres supérieurs qui refusent l’analyse, Valérie Trierweiler est bien l'auteure qui a vendu le plus de livres en 2014. Quant à notre sondage, ouvert du 15 novembre au 15 décembre 2014, il est sans appel. Parmi 13 autres femmes écrivains qui se sont distinguées l’année écoulée, vous avez été 22% à juger que l’ancienne première Dame était celle qui avait le plus marqué le monde du livre en 2014 (loin devant Pancol herself, dont les Muchachas ne recueillent que 14% de vos voix). Quant à l’audace dont elle a fait preuve, c’est assurément un qualificatif qui lui sied bien.
Trierweiler audacieuse auteure et meilleure vendeuse 2014, n'en déplaise aux garants du bien-lire, c’est sans conteste votre choix.